Entre « The company men » (le boursicotage) et « Les femmes du sixième étage » (le ménage), le film de Cédric Klapisch trouve, au hasard du calendrier des sorties estivales, le juste milieu. Qui parle effectivement des avatars d’une femme de ménage, propulsée dans le quotidien d’un trader, pur jus. Mais pour le film proprement dit, pas de juste milieu. L’équilibre qui s’établit entre des situations drolatiques (l’apprentissage du repassage, le voyage à Venise…) et une bonne conscience sociale, demeure précaire, dans cette histoire tissée de bons sentiments et de grandes passions.
Ce qui ne fait pas forcément un bon film,malgré des comédiens de premier plan (Karin Viard, Gilles Lellouche),sur lesquels le réalisateur s’appuie beaucoup, au détriment d’un scénario surchargé par d’incessants aller-retour entre Dunkerque et la city londonienne, la précarité et l’opulence.
Contrainte au chômage, à la suite d’opérations boursières ayant entraîné la fermeture de son usine, France se retrouve en charge de l’entretien de l’appartement de Steve, en partie responsable de la faillite de l’entreprise. Mais l’un comme l’autre, pour l’instant, l’ignorent…
C’est grosso modo le corps du récit de Cédric Klapisch qui en préambule s’encombre d’un discours quasi syndicale qui sonne faux, malgré la participation de vrais salariés.Après quoi la pauvre ouvrière découvre émerveillée le monde des richards et le « Pretty Woman » qui l’accompagne surligne bien que nous vivons, après la lutte des classes, un conte de fée.
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Le tout filmé avec une condescendance amusée qui à force de grossir les traits en devient manichéen. Les clichés s’enfilent comme des perles en plastique, et les scènes téléphonées font florès.Seule la légereté (ou l’insouciance) ambiante permet de suivre distraitement les allées et venues de la belle et de son mentor jusqu’à l’issue aussi inattendue que jubilatoire.En ce sens qu’elle répond enfin au sujet proposé jusqu’alors en filigrane, sur la fragilité des êtres, et la justesse des révoltes. Mais dieu, comme il faut être patient.
LES BONUS
Making-of (30 mn)
« Je pars d’un lieu pour en tirer un sujet.Les repérages autour du port de Dunkerque m’ont ainsi nourri, le collectif, la solidarité, la chaleur des gens du Nord, je l’ai vus. Un des principes de base du cinéma, c’est qu’il renvoie à la réalité ».Même son de cloche à Londres avec le témoignage d’un trader français Xavier Alcan (coach de Lellouche, conseiller du film, et qui joue le financier humaniste) que l’on découvre sur son lieu de travail qui a servi comme décor au film
Quasiment dans leur propre rôle
« C’est fatigant, mais on en redemande à chaque fois, c’est une grande addiction, mais ce n’est pas une drogue ».Et le réalisateur de conclure : « l’écriture du scénario c’est de faire coïncider toutes ces choses qui n’ont rien à voir ensemble».On est bien d’accord…
Nous avons aussi le droit aux témoignages d’ouvriers en grève, qui sont figurants, dont Xavier Mathieu un leader syndicaliste .Il explique comment il a abordé son rôle et sa découverte du monde du cinéma.Enfin le réalisateur ne se prive pas pour dire tout le bien qu’il pense d’une nouvelle caméra ,un appareil photo Canon qui sera beaucoup utilisé dans les scènes de nuit , et lors du carnaval de Dunkerque, auquel plusieurs membres de l’équipe participent, ,jusqu’au grimage et déguisement Klapisch en tête.
Scènes coupées
Elles n’apportent effectivement pas grand chose, mais les voir ne gâche rien, surtout celles de la découverte de Paris par France, le match de foot à la TV, et le défilé des jeunes femmes chez Steeve…
Autour de la musique de film avec le compositeur Loik Dury et Cédric Klapisch : ca s’écoute, mais tuba ou pas, la question demeure
Le réalisateur, figurant furtif
Entretien avec le réalisateur (5 mn)
On retrouve un peu le making of autour de l’opposition entre France et Steeve, la réalité et le virtuel. « J’ai l’impression que ça se rapproche des comédies italiennes des années 50-60, quand quelque chose de très dramatique pouvait être aussi très drôle » Il évoque aussi la continuité dans sa filmographie : « pour avoir un point de vue politique, même si je ne fais pas de film militant ». Et la résonance avec l’actualité, les ouvriers figurants étant ceux de chez Total, en grève au moment du tournage…