L'Afssaps vient de publier l'analyse des données échocardiographiques de 2.576 patients exposés au benfluorex (Mediator). Si l'auteur de l'étude précise bien les limites méthodologiques de l'étude, la prévalence estimée des valvulopathies possiblement liées au benfluorex dépasserait les 20%. Autre conclusion importante, près des 2/3 des personnes exposées au benfluorex ne sont pas diabétiques et si la prévalence des valvulopathies liées au benfluorex s'avère ici peu différente chez les non diabétiques vs les diabétiques, ce mésusage aura contribué à élargir le nombre de patients exposés donc de victimes potentielles.
En décembre 2010, l'Afssaps avait mis en place le suivi des patients exposés au benfluorex. Pour ces patients, adressés par leur médecin traitant en consultation spécialisée pour la réalisation d'une échocardiographie Doppler, les cardiologues devaient compléter une fiche d'échocardiographie pour tous les patients traités par benfluorex vus en consultation.
Ainsi, les 2576 fiches reçues de janvier 2011 au 28 avril 2011 ont été analysées dans le cadre d'un sujet de mémoire en épidémiologie.
Une prévalence des valvulopathies estimée à plus de 20% : Si l'auteur précise que son étude ne permet pas d'estimer avec précision la prévalence des fuites aortiques et/ou mitrales chez les patients exposés au benfluorex, la prévalence observés sur notre échantillon, jugée probablement surestimée, puisqu'elle porte sur des patients adressés par leur médecin traitant en consultation spécialisée pour la réalisation de l'échocardiographie atteint, sur l'échantillon, 29,5% (toutes étiologies de fuite valvulaire confondues). Mais sur ces cas identifiés, l'auteur invoque d'autres facteurs de risque pour 186 d'entre eux, ce qui “laisse” 471 fuites aortiques et ou mitrales de grade supérieur ou égal à 1 possiblement attribuables au benfluorex, soit une prévalence de 21.2% de ces valvulopathies.
Parmi ces cas, attribuables au benfluorex, les fuites les plus graves, dites de grade 4 sont rares (seulement 2 cas chez 2 femmes). Plus de 2 millions de Français ayant été exposés au Mediator, le nombre de victimes pourrait s'avérer beaucoup plus important que prévu.
Le mésusage important du benfluorex en cause:
Les principales conclusions indiquent:
- Un mésusage important du benfluorex, c'est-à-dire son utilisation (et sa prescription) hors cadre AMM, puisque près des 2/3 des personnes exposées au benfluorex ne sont pas diabétiques. Ainsi, l'indication « surpoids isolé » est retrouvée chez plus de la moitié des patients (52.6%), en particulier chez les femmes (61.4%).
- Parmi les facteurs associés à la présence d'une fuite valvulaire aortique et/ou mitrale de grade supérieur ou égal à 1, on retrouve notamment le sexe féminin, l'âge et une relation dose-dépendante, soit les mêmes facteurs que ceux identifiés chez les patients traités par la fenfluramine ou la dexfenfluramine, deux molécules très proches du benfluorex.
- La relation entre la prise de benfluorex et la présence d'une valvulopathie et la prise de benfluorex est dose-dépendante (Schéma ci-dessus).
- Les patients ayant arrêté le benfluorex depuis moins d'1 an sont plus à risque de présenter une fuite aortique et/ou mitrale de grade supérieur ou égal à 1 que les patients ayant arrêté depuis plus de 1 an (OR :1.84 de 1.13-3.00).
- Le risque de présenter une fuite valvulaire diminue avec le temps après l'arrêt du traitement.
Malgré les limites de cette étude, les résultats qui concordent avec les données de la littérature pour la fenfluramine et la dexfenfluramine mettent en avant une prévalence plus qu'importante des valvulopathies sur l'échantillon de patients et un mésusage du produit qui a contribué à élargir le nombre de victimes potentielles.
Source: AFSSAPS Rapport Master 2 "Facteurs associés à une fuite valvulaire aortique et/ou mitrale de grade supérieur ou égal à 1 chez les patients exposés au benfluorex (juin 2011) (05/08/2011) (854 ko)
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