[ciné] la Planète des singes : les Origines

Publié le 20 août 2011 par Vance @Great_Wenceslas

Un film de Rupert Wyatt (2011) avec James Franco, Brian Cox, Freida Pinto & John Lithgow.

Sorti en salles le 10 août 2011.

Visionné en VF.

L’histoire : La société Gen&Sys finance de nombreux travaux de recherche. Parmi eux, c’est l’étude d’une thérapie génique censée guérir la dégénérescence cérébrale qui est en passe de réussir : en effet, Beaux Yeux, une guenon sur laquelle a été injecté un composé spécifique, a vu ses capacités cognitives évoluer de manière spectaculaire. Mais lors de la démonstration devant les actionnaires, Beaux Yeux devient agressive et dangereuse. Elle est abattue, et ses congénères euthanasiés. Mais un assistant ne peut se résoudre à éliminer un bébé chimpanzé, qui s’avère être le rejeton de Beaux Yeux. Le responsable de la recherche, Will, particulièrement concerné car son père souffre d’Alzheimer, décide de l’élever chez lui, en secret…

Une chronique de Vance

Pour la plupart des cinéphiles, cette préquelle (néologisme barbare mais pratique en fin de compte) partait avec de très nombreux handicaps : un premier film devenu culte malgré le poids des ans et le côté un peu ampoulé de l’interprétation, des séquelles fondées sur de bonnes idées mais qui ne brillent guère par leur réalisation et un « relaunch » en 2001 par Tim Burton, quasi universellement considéré comme son film le plus raté.

D’ailleurs, on ne sentait guère d’enthousiasme dans la sphère des blogueurs amateurs de cinéma.

La surprise, à l’issue de la projection, est donc de taille.

 

Voilà donc, pour la première fois depuis des lustres, un film maîtrisé de bout en bout, qui réussit la gageure de développer jusqu’à la conclusion son idée de base sans faillir, sans faiblir et sans se détourner d’un cahier des charges alourdi (donc) par l’impact culturel des précédents opus évoqués. C’est que, contrairement à la vague maligne et nauséabonde qui frappe le monde du VIIe Art depuis une bonne décennie, on ne cherche pas à faire table rase du passé, mais bien à s’appuyer dessus tout en modernisant le propos et la narration.

Rien que pour cette ambition, l’œuvre mérite tous les éloges. La production ne cherche rien qu’à moins qu’à nous expliquer comment on en est arrivés là, sur cette Terre du futur décrit par Pierre Boulle, puis par Schaffner dans ce film de 1968 avec Charlton Heston qui restera dans nos mémoires par la performance de ses acteurs simiesques et cette fin riche de symboles. A une différence (de taille, certes) près : ce n’est plus une conflagration nucléaire qui précipite la chute de l’Humanité (quoique, les films suivants nous démontreront peut-être le contraire) mais la non-maîtrise des implications des recherches bactériologiques et génétiques. Les époques ont changé, les préoccupations aussi. On relèvera qu’il s’agit du même genre d’écart entre le comic-book Watchmen et son adaptation ciné

Les parti-pris sont donc réactualisés sans jamais quitter des yeux le premier film, auquel de nombreux et intelligents clins d’œil, jamais lourds, viennent faire référence : le nom de la guenon de la première cohorte de cobaye, qui renvoie à celui dont Zira affuble Taylor ; un extrait de film qui passe dans le foyer pour primates (on y voit Charlton Heston) ; une image où on aperçoit César – le fils de Beaux Yeux – en train de terminer une maquette de la Statue de la Liberté ; et de nombreux autres parallèles qui risquent de vous spolier de la surprise. Le tout au sein d’une réalisation marquant par son classicisme, servant un scénario linéaire plutôt convenu mais qui choisit délibérément l’aspect progressif des révélations, tout en accélération et en variant les points de vue : d’un côté Will (James Franco, avec son jeu brillant qui semble toujours cacher une face plus sombre) et son père (impressionnant Lithgow), s’attachant de plus en plus à un César surprenant qui pourrait détenir la clef de la guérison (et même davantage, puisqu’on fait miroiter au patron de Gen&Sys la possibilité d’un accroissement des facultés mentales de l’humanité – on n’est pas très loin de Des fleurs pour Algernon ; de l’autre, César, son évolution au sein de sa famille humaine, puis dans un groupe de singes enfermés ; César qui apprend d’abord à développer ses facultés avant de devoir les cacher, puis de les révéler au grand jour – et qui devra choisir entre ses proches et ses pairs.

 

Ajoutez-y des effets spéciaux étonnants fondés sur une motion capture bluffante – dans laquelle Andy Serkis, encore, insuffle son pouvoir de mimétisme incroyable, une partition qui refuse le grandiloquent mais sait se montrer imposante et une durée tout à fait satisfaisante, sans temps mort et vous obtiendrez un film remarquable, peu original certes, mais totalement abouti.

Un excellent spectacle.

Ma note : 4/5

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