Je viens de tomber sur un article dans lequel l’auteur, jean-marc gavanon , sur son blog de Médiapart, nous gratifie de son analyse conduisant à un rapprochement possible et nécessaire selon lui entre Mélenchon et Montebourg. J’en profite donc pour saisir cette balle au bond et clarifier ma position à ce sujet.
Autant je peux être sensible à certains arguments et combats de Montebourg, comme je l’ai déjà fait savoir ici, et là, autant je pourrais également avancer d’autres arguments qui m’ en différencie fortement. Mais je ne le ferai pas car on me glisse dans l’oreillette que ce serait contre productif pour les idées que nous défendons collectivement…
Il me faudra donc me contenter de vous livrer ma vision « stratégique » des choses. J’appelle à voter (et donc à participer, le plus massivement possible) Montebourg aux primaires socialistes afin de tenter de contrebalancer (à mon – très – humble niveau) ce parti vers des idées plus conformes à mes vœux, telles qu’exprimées par le parti de gauche, et plus largement le front de gauche :
Les organisations fondatrices du Front de gauche […] appellent tous ceux qui se battent aujourd’hui contre les régressions sociales, écologiques et démocratiques à les rejoindre et à construire partout des assemblées ouvertes à tous les citoyens et citoyennes qui veulent s’investir dans la démarche de construction d’un nouvel espoir à gauche.
Je considère que le PS ne se bat pas suffisamment efficacement et directement dans ce sens¹, et notamment en continuant de soutenir une économie libérale dont on voit aujourd’hui plus clairement les méfaits et les dangers. En outre, il s’est révélé à plusieurs reprises incapable, au niveau structurel, de chasser ses propres démons. Il est à mes yeux nécessaire que ce parti change d’orientation. Aussi, bien que je sois en dehors de celui-ci, je suis avant tout de gauche, et je souhaite influencer le choix du candidat de ce grand parti aux présidentielles de 2012.
Il se trouve que Montebourg, effectivement, tient un discours contre les dangers de la mondialisation, qu’il est bien plus sévère que beaucoup de socialistes envers la dictature des marchés. Cependant, comment oublier qu’il fut l’un des supporters de Ségolène Royal (dont on sait tout le bien que je pense ici) aux dernières présidentielles de 2007 ?
Pour l’intérêt commun et la reconnaissance du droit aux erreurs de jeunesse, je veux bien toutefois passer dessus et accepter sa sincérité politique (dont d’autres que moi font le choix d’en douter…) et donc appeler à voter pour lui pour les raisons déjà citées plus haut. Ou ailleurs…
Cependant, le jour (tant attendu) venu, je saurai quel bulletin mettre dans l’urne, car pour moi, l’ennemi est tout désigné : la doxa libérale et sa logique dévastatrice.Aussi, on choix s’imposera de lui-même : ce sera le moins mauvais en ce sens…
Je considère également que celui vers lequel les médias et les élites veulent nous diriger – en plus des blogueurs de gauche – ne soutient pas des positions conformes à mes convictions : c’est un libéral pur jus, qui a démontré sa capacité à tirer le parti… vers la social démocratie, tout ce qui est en train de nous foutre dedans. Si l’on veut réconcilier la gauche (toute) autour d’un seul candidat, ce n’est certainement pas celui là. Je vois mal les gens du front de gauche au deuxième tour voter pour lui : ils préféreront s’abstenir, tellement nous sommes au bord du gouffre, et avons besoin d ‘autres solutions plus efficaces face à la crise. Il nous faut un(e) candidat(e) de rupture, porteur d’un projet de société un peu plus créatif et attirant… et non un homme qui se revendique comme normal… Ce genre de positionnement politique est d’une banalité affligeante.
Je le dis, le redis, et le re-répète donc, puisque les socialistes semblent sourds :
un autre monde est possible.
¹ .. d’où mon pseudo, que d’aucuns ont qualifié de ridicule et désuet. Je les remercie de me rappeler mon grand âge, mais il a été choisi à une époque et dans un contexte particulier, dans lequel un grand nombre d’entre nous ont été profondément déçus du tournant social démocrate du pseudo socialisme incarné par le PS en la personne de Ségolène Royal. Pour beaucoup, nous avons vécu cela comme une trahison de nos valeurs et un signe de compromission. Nous avons donc choisi de nous diriger vers le parti de gauche pour défendre nos idées et notre vision : celle d’ une gauche plus combative qui correspond davantage à nos convictions. Et ça, ce travail militant, ça se respecte, surtout quand on ne choisit pas la facilité, en construisant un nouveau parti. Je ne vis pas que sur les blogs !