On nous la rabâche, la rentrée. Comme tous les ans, en passant. La rentrée des classes, il faut préciser. Parce que nos vacances de l'été austral ne correspondent pas aux "grandes vacances" métropolitaines. Notons d'aillleurs qu'en traînant l'oreille on entend souvent en cette période "Tu rentres en métropole pour les vacances, cet été ?".
Rentrer, pour l'été, en plein hiver, ça va de soi. Les pingouins font la même chose. Et ils s'y connaissent en saisons, les pingouins. Ou les hirondelles, mais c'est pareil. Des bestioles avec des ailes... Donc, la rentrée. Un recteur droit dans ses escarpins qui assure que tout se passe bien, des syndicats droits sur leurs ergots qui appellent à la grève, des marmailles qui pleurent devant le barreau de l'école maternelle,et qui appellent leur maman, des profs qui pleurent devant la grille du lycée et appellent au secours...
Alors, bien sûr, cette année, il y a les nuages dans le ciel des "marchés". Les postes en moins, les profs au rabais, des écoles qui tombent en ruine parce que les mairies n'ont plus de sous pour passer un coup de peinture... Et l'université de la Réunion, usine à chômeurs, méprisée "là-bas", en France, parce qu'étiquetée université cocotier. C'est joli un cocotier, surtout quand il se balance langoureusement sous les alizés.
Mais pas pour une université. Une université, ça doit être à Nanterre, à la Sorbonne, ou, au pire, à Toulouse. C'est ce qu'il faut dire à nos marmailles : "désolé, je vous emmène à l'école ici, mais c'est parce que je vis là. Mais promis, l'an prochain, je me débrouille, vous irez dans une belle école chauffée à Villeneuve d'Asq. Je vous verrai pendant les vacances".
Bon, bonne rentrée quand même. Espérons justes que nos petits auront des cours d'économie chaotique, pour suivre les cours de la bourse. Parce que c'est quand même le plus important, non ?
François GILLET