Monsieur Courtemanche, vous ne mourez pas seul, tant de personnes vous accompagnent par la pensée en cette heure où chacun y va d’un hommage, dont le mien.
Je vous ai peu connu, et en tant qu’écrivain sur vos derniers milles seulement, mais j’ai reçu tel un cadeau le dénuement de « Je ne veux pas mourir seul ». J’ai frissonné devant vos mots qui n’avaient plus rien à perdre, qui laissaient naviguer votre égo à la dérive sans essayer de le rattraper. La lucidité est une lame tranchante, et vous ne vous êtes pas ménagé. Ce récit intime vous rend très humain à mes yeux, malgré votre approche froide, comme une mince carapace pas très difficile à percer, après la lecture de ce testament littéraire.
Vous êtes un homme qui m’est apparu si amoureux de l’intelligence, au détriment peut-être de laisser battre le tambour de votre cœur assez fort pour ne plus entendre la maîtresse raison. Si je me permets de l’avancer, c’est en me basant sur cette entrevue exceptionnelle avec Christiane Charrette, où celle-ci tremble d’émotion devant la crudité de vos propos, sans l’ombre d’une petite indulgence vis-à-vis votre personne et ses erreurs de parcours. Surtout en ce qui concerne l’amour de votre vie, une femme tendrement aimée et sincèrement regrettée.
Être comme vous et poser continuellement ce regard pénétrant sur les choses et les gens, j’aurais eu du mérite à rire et à sourire. Dégagé maintenant de votre implacable intelligence, regardez-vous tendrement. Je vous souris, souriez-moi, souriez-nous, vous ne mourrez pas seul.