Atterissage en fin de journée du 28/07 aux açores avec GG pour ce dernier segment vers Hyères, nous larguons les amarres le lendemain midi, une fois les courses faites.
Sur les traces exactes de mon trajet depuis Panama il y a trois ans, les conditions sont assez comparables. Ce millier de milles vers le détroit est une formalité, presque de la routine sans événement notable. Pas de moteur ou presque à part le premier jour pour se dégager des îles et de l'anticyclone puis du travers light medium autour d'une dizaine de noeuds en général sur une mer calme. La carène est toujours propre malgré plus d'un mois sans bouger, le bateau glisse. Quelques réglages de temps à autre, une veille distraite sur l'océan désert, bouquiner. On est peu sollicité et on se sent presque plus passager que navigateur actif. Ne manque que du personnel pour nous servir et l'illusion serait parfaite. Le paysage marin est sans relief, identique chaque jour: couverture nuageuse molle et peu active sans grain qui se dégage dans la journée, mer vide de toute vie aquatique. Pas de dauphins, ni baleine, ni poisson volant,
A l'approche du continent, vers Cabo Sao Vicente, la navigation s'anime un peu sous les alizés portuguais toujours plus soutenus dans ces parages. Un peu plus de 20 noeuds en fin de journée, Galapiat accélère et aligne 160 milles pour ce dernier jour en atlantique. GG et moi prenons le temps de contempler plus que de coutume ce dernier coucher de soleil atlantique, le plus beau d'ailleurs depuis les Açores. Alignés sur le rail qui converge vers le détroit, un peu plus d'attention est désormais nécessaire car une dizaine de navires sont en visuel à tout instant dans un axe est-ouest. On tient plus ou moins sagement notre file, tel l'automobiliste moyen qui participe au chassé croisé estival sur l'autoroute des vacances .
Détroit de Gibraltar, troisième.
Si il est bien un lieu symbolique autour duquel ce voyage s'est articulé, c'est bien le détroit de Gibraltar. A chaque passage, mes émotions ont tour à tour exploré les cîmes les plus élevées et les abimes les plus sombres.
Gibraltar 2008 : Sur un Galapiat dans son jus et découvert sur le tas, au terme de 4000 milles d'une longue transat épique et initiatique, Jérôme et moi quittions l'Atlantique, de l'air et des images plein la tête. Encore quelques jours de méditérannée et je retrouvais ma famille avec la perspective de repartir ensemble l'année suivante. Je ne pouvais être plus heureux et excité à l'idée du prochain départ.
Gibraltar 2009 : Après 4 mois de Méditerranée avec femme et enfants, nos marques trouvées, l'Atlantique et au moins deux années devant nous au bout de l'étrave, tout prenait enfin sa place. Quelques dizaines de milles et un aveu sordide plus tard mettaient un terme
Gibraltar 2011 : Tout ça semble déjà loin maintenant. En laissant Tanger puis Ceuta sur tribord, je ne peux m'empêcher de repenser à cette période, ainsi qu'au sinistre pugilat juridique qui a immédiatement fait suite pour avoir le simple droit de recevoir les enfants régulièrement à bord sans elle. Heureusement la justice mérite parfois son nom. Le voyage, enfin net, pouvait réellement commencer. En solo mais très peu en fait, avec mes fistons retrouvés régulièrement, des amis, ma famille ou de très charmantes rencontres imprévues, ce ne sont pas moins de 17 personnes différentes qui se sont succédées à bord pour partager ce voyage. Généreusement servi par les hasards et les circonstances, j'ai ainsi eu le rare privilège de vivre toutes les configurations d'équipage possibles et plusieurs voyages en un seul. Paradoxalement, il n'en est devenu que plus beau et plus intense.Aujourd'hui, dans ce détroit si symbolique, je me sens juste repu de ces deux dernières années inattendues, imprévues mais que je n'aurais difficilement pu imaginer plus riches.
Temps magnifique, enfin réellement chaud. Poussé par une petite brise, voiles en ciseau, Galapiat se faufile au milieu du trafic intense des navires de commerces, des pêcheurs, des ferrys entre Europe et Afrique. La vie aquatique reprend aussi. Plusieurs orques passent près du bateau et deux d'entre eux nous suivent même à quelques mètres pendant un moment, massifs, puissants et lugubres comme des sous marins en surface.
La tentation d'un arrêt à Tanger ou Tarifa est grande mais la météo prévoit encore deux journées de portant dans la mer d'Alboran. Après, ça tournera est, dans le nez. Il n'y a pas à hésiter car dans cette mer facécieuse, on ne laisse pas passer des conditions favorables. Rocher de Gibraltar dans le sillage, le soleil se couche et un gros thermique fait bondir l'anémomètre d'une dizaine de noeuds à 30 en moins de temps qu'il ne faut pour l'écrire. Pas de doute, on est en méditerranée. La mer reste plate et le speedo s'affole. Nuit tombée, éclairé par une demi-lune, température douce, je savoure mon quart pendant que Galapiat fonce à 9-10 noeuds sans effort. Jouissif. Ok, la fin du voyage n'est plus qu'une question de jours, Ok, j'ai décidé sans regret de rentrer. J'ai eu mon compte et il est temps de tourner la page, promis, juré, craché, mais à cet instant précis, je n'ai qu'une envie, que ces conditions durent des jours et me propulsent fissa jusqu'à Suez, puis la mer rouge, puis l'Indien, puis, puis....
Le 8 Août, le vent n'est p
Nous mouillons à Cala Tarida, à l'ouest d'Ibiza le 10 au matin au terme d'un peu moins de 12 jours depuis notre départ des Açores. Vu que GG et moi avions choisi de faire des cour
De l'art de passer entre les gouttes toujours. Le coup de vent s'est tassé mais ça va à nouveau chauffer dans le golfe du Lion à partir du 15. Mieux vaut éviter de s'y trouver alors. Il ne reste qu'un peu plus de 300 milles jusqu'à Hyères. Nous quittons donc Ibiza moins de 24 heures après notre arrivée. L'essentiel du trajet se déroule au moteur sur un lac, dans une pétole consternante. Nous mouillons devant Hyères le 14 et laissons le bateau à l'ancre jusqu'au 17 matin où j'ai rendez-vous au Gapeau pour le lever et le mettre à sec. Terminus. Fin du voyage.
Galapiat au sec, ne me reste plus qu'à le vider de mes affaires, le nettoyer et le vendre. Fidèle canot qui m'aura porté pendant quelques 26 000 milles soit l'équivallent distance d'un tour du monde. Autonome, sécurisant dans toutes conditions, vél
Bien-sûr, j'appréhende le retour à la vie « normale ». Pour l'instant, je ne m'en rends pas bien compte, encore trop frais mais d'ici quelques semaines, ce sera sans doute plus délicat. Les copains rencontrés en route et rentrés avant moi me l'ont tous relaté: Le blues du retour est un passage obligé et inévitable et ce, quelles que soient les circonstances; que l'on revienne accompagné et retrouve maison, boulot, relations là où on les a laissés ou qu'au contraire, comme dans mon cas, rien ni personne ou presque ne vous attend. On dit qu'un grand voyage réussi tient à la qualité de sa préparation, à sa pleine réalisation et à l'anticipation des conditions de son retour. Je dois admettre que j'ai assez délibérément ignoré la dernière phase. Mais les pages blanches ont leur mérite: Il faut reconstruire en cohére
La bougeotte me reprendra sans doute un jour car c'est une drogue licite mais dure : on s'en sort difficilement, on n'en guérit jamais vraiment et on y retombe très facilement mais dans l'immédiat, il me faut inventer et mettre en place ma vie de terrien. Partant de ground zero, j'ai de quoi m'occuper mais c'est une autre histoire qui n'a plus grand rapport avec ce blog. Voici donc le moment venu d'y mettre un point final.
« Faux retourGalapiat repart pour de nouvelles aventures »