L’univers de Miranda July, artiste touche-à-tout (recueil de nouvelles, courts métrages, shows radiophoniques), a toujours été farfelu. Quelque part entre le burlesque désespéré et l’humour cynique. Alors que son Moi, toi et tous les autres (Me and You and Everyone We Know) avait donné le ton en 2005, elle nous revient aujourd’hui avec The Future, sa nouvelle œuvre – lunaire et décalée. La voix off, celle du chat Paw-Paw qui attend patiemment que Sophie et Jason viennent l’adopter, convoque d’emblée le double ton du film : tristesse et fantaisie, main dans la main. En direct, la délitation d’un couple de trentenaires modernes, qui décide pour ses 30 jours de liberté (avant l’arrivée du chat), de vivre … à fond. C’est là que commence le grand et sombre déballage de Miranda July : leurs existences sont mornes, leurs rêves sont petits, leur monde tout étriqué entre virtuel glacé (Facebook, Youtube et cie) et réel d’une banalité affligeante. D’où 30 jours à contempler l’immensité du vide qui s’offre à eux, entre un futur effrayant, et un présent d’immobilisme. D’où 80 longues minutes pour nous, les spectateurs, peu stimulés par un concept casse-gueule : filmer le vide, du vide. Bon.
Toutefois, la cinéaste a de la suite dans les idées : opte pour une griffe très Eternal sunshine of the spotless mind lorsque se rejoignent expérimentations artistiques et catharsis d’un amour déçu ; jongle avec les tonalités et genres (pincée de SF arty par-ci, touches comiques par-là) et s’amuse à triturer et les méninges et le temps. Il y a de belles séquences quelquefois, poétiques, d’un chagrin cotonneux, latent. Mais, la plupart du temps, on sent bien que Miranda étire jusqu’au point de rupture sa bonne idée de départ. Oui, pour un court-métrage. Pas forcément, pour tout un film. Tout y devient alors soudainement pesant, neurasthénique d’un côté, auteuriste de l’autre. Avec une tendance hautement irritante à justifier les poses/pauses du récit par l’étiquette " modern art ".