Montréal est-il le nouveau Berlin ? Oh, ça va ! On vous voit venir : « Regardez, les gars, comme ils en font trop des tonnes. Ça déménage, alors forcément, ça croit habiter la ville la plus cool du monde ! ». Non, on vous rassure, on n’est pas là pour faire nos pépettes prétentieuses. On constate, c'est tout.D'ailleurs, la première fois qu'on y est allés, on a plus pensé à Confessions Intimes qu'à Habillé Pour. Il y avait de quoi faire, niveau cas-soc trashos dans le downtown américanisé tout pourri de la ville. Ça fleurait bon les grandes enseignes de mass market, les mall tout rances et le troupeau de poufs qui va avec, ça va sans dire. Donc, franchement, à part Madmaus, la soirée qui réunissait la fine fleur de l'underground Montréalais, on n’avait pas vu grand-chose d'autre.Mais justement, ce n'était que la partie émergée de l'iceberg ! Pour être heureux, vivons cachés, ou pour être modeux, vivons tout court : tel pourrait être le leitmotiv de la faune mode de cette ville qui planque des purs trésors de looks. D'ailleurs, sans LA rencontre qui a tout changé, peut-être que la rédac aurait gardé cette vision un peu mainstream de la belle enneigée...Le garçon croisé, abordé, rencontré dans une simple boutique est devenu le fil conducteur de cette génération fauchée qui s'habille avec son cerveau plus qu'avec son portefeuille : Bradley Campbell, qui réussit à transformer le port d'un simple basique en look underground couture et qui transpire un charme sexuel par tous les pores de sa peau, nous a intronisés dans un monde qui n'existe que trop peu. Un monde d'insouciance, un monde où ça rigole sans se soucier du futur, où les maris sont incroyablement moites et sexy parce qu'ils croquent la vie à pleines mâchoires, un monde où, répétons-le pour de bon, c'est quand on n’a pas de fric qu'on devient inventif.Vivre avec cette faune de jeunes guérilleros urbains, c'est vivre dans un film de Greg Araki pour de vrai. Le seul avantage qui fait la différence avec notre Bruxelles, c'est que Montréal a accepté son multiculturalisme. Les anglophones parlent français avec des francophones qui veulent parler anglais, tout le monde se mélange parce qu'on s'en fout de qui tu es, tant que tu ne fais chier personne.Du coup, ben, il y a des garçons comme Michael Pasquarelli qui se permettent avec démesure des nouveautés mode sans aucun complexe : sérieusement, un mec avec un crop top à Bruxelles, il se fait tabasser dans le quart d'heure ; ici, pas de soucis ! Le pire, c'est que ça lui va trop bien à cet enfoiré. On aurait pu croire qu'il allait être un peu ridicule : eh ben, même pas, puisqu'il sait exactement comment le porter avec masculinité. A contrario, on peut s'encanailler d'un Daniel Monaco Représentatif de cette tendance à pouvoir donner le meilleur avec rien. Ce prince du rocher est typique de ce genre de garçon que l'on déteste adorer : avec quelques bricoles simplissimes, il rend ses lettres de noblesse à l'élégance et à la beauté, n'appuyant que les points positifs de son anatomie usant de détails discrets et pourtant très efficaces. Ou comment être hip jusqu'à la mort sans le savoir, peut-être même sans le vouloir, mais juste en ayant compris les atouts de sa morphologie. Chic, simple, soucieux du détail, on dit « jackpot ! ».Mais tout ça n'est rien comparé à la rousse incendière, j'ai nommé Lauren Lucille Smith. Alors elle, voilà quoi ! Déjà, on tombe amoureux tout de suite, c'est obligatoire. Le canon, certes, mais aussi une âme de modasse aiguisée comme les couteaux de Crocodile Dundee. Si Monsieur/Mademoiselle a été créé pour trouver une femme et son style, on peut fermer boutique parce que c'est fait. Voilà, c'est ELLE qu'on veut croiser tous les jours dans la rue : elle oscille entre l'underground chic, la Suédoise über hip, la vintage loveuse et comme un genre de Brooklynoise trashy, en gros une kid parfaite de modernisme. On aurait pu être effrayé par cette surdose de mélanges, mais c'était sans compter sur la subtilité de cette connaisseuse aguerrie, étudiante en marketing de la mode.Vas-y, épouse-nous, Laulau, on va faire des « bébés-concept ». Et puis, en plus, il y a encore toute la bande de leurs potes qui va avec ! On ne vous raconte pas les maris ! Ils n'ont pas peur de se lâcher comme les Berlinois, ils sont aussi chauds que les Madrilènes, savent l'importance du détail chic à la parisienne, mais avec cette touche nonchalante des rockeurs londoniens, ce qui ne les empêche pas d'être aussi concept que nos amis les Scandinaves.L’underground du pauvre saupoudré de multiculturalisme, est-ce là la bonne recette ? Faut croire. En tout cas, plus d'envie précieuse ou de sac Céline depuis notre arrivée. Juste une envie d'apprendre : bon Dieu, mais comment font-ils alors qu'ils disent tout le temps être ruinés ? La voilà, la vraie classe. Bref, on se frotte les mains avec un certain sourire baveux qui dit : « Ça va le faire, chéri ! ».Montréal est-il le nouveau Berlin ? Naaaan, comparer serait sopassé… Montréal, ça tue. Point. Ça vaut largement toute les grandes capitales de mode, sauf que leurs louveteaux, dans leurs frénésie de croquer la vie, en oublient simplement d'en faire la promo. Un secret bien gardé, que nous sommes putain d'heureux d'explorer, Tabarnak !Pictures are courtesy of Lauren, Michael & Brad. Homestyling & Streetstyling en règle SOON! Bien à vous.