A propos de Melancholia de Lars Von Trier 1 out of 5 stars
Kirsten Dunst, Alexander Skarsgård
Le jour de son mariage, alors qu’elle devrait nager en plein bonheur, Justine est sujette à un étrange mal-être et une tristesse qui la tiennent éloignée des festivités, au grand dam de ses proches et de son mari (Alexander Skarsgård), aussi amoureux que malheureux comme les pierres…
Difficile d’échapper à la désagréable impression que produit Melancholia tout au long des deux heures dix de sa projection. Melancholia est sans doute moins raté et grotesque qu’Antichrist, dont il apparait comme un pendant légitime, mais il partage avec lui la même tendance au pontifiant.
Dans un mariage et un décor fastueux qui rappellent ceux de Festen de Thomas Vinterberg, Justine (sublime Kirsten Dunst) erre comme une âme en peine avant de peu à peu disparaître de la cérémonie. Ses parents (Charlotte Rampling et John Hurt) se détestent et de manière à la fois indécente et inappropriée, ne se privent pas de se l’avouer en public. Claire (Charlotte Gainsbourg), la sœur de Justine, tente tant bien que mal mais en vain de réparer les morceaux.
Comment expliquer cette sensation de désincarné, de froideur, de déshumanisé que laisse Melancholia ? Comme à son habitude, Lars Von Trier souligne bien lourdement ses intentions (ralentis, zooms/dézooms en clins d’œil au Dogme 95), versant cette fois dans la démonstration et la thèse d’une fin de monde apocalyptique façon Bible. Cette vision cauchemardesque est vécue d’un point de vue à la fois réaliste et intimiste par Justine. En proie à la mélancolie, Justine pressent qu’une planète, découverte depuis peu et nommée Melancholia, va heurter la Terre et provoquer la fin de la race humaine. Mais elle ne semble ni s’en inquiéter ni redouter la mort, puisqu’elle considère que l’Homme est fondamentalement mauvais tout en sachant qu’il n’y a pas de vie ailleurs. A cette vision désenchantée, un brin cynique voire blasée s’oppose celle beaucoup plus prosaïque de Claire (très bonne Charlotte Gainsbourg), résolument portée vers la vie et dont les sens, exacerbés à la fois par la peur et le pressentiment de la fin du monde, la font paniquer et faire n’importe quoi. C’est sans doute l’angoisse qui réunit les deux sœurs qui est au cœur du film, véritable enjeu. L’angoisse telle que la qualifiait Artaud, l’angoisse devant la mort, celle qui rendait fou d’inquiétude l’enfant dans le poème de Goethe, Le roi des Aulnes.
- Charlotte Gainsbourg, Kiefer Sutherland, Kirsten Dunst
Dans Melancholia, les compositions de Wagner font écho aux gros sabots de Von Trier. Dès le début, la description du mariage, de la société aristocratique dans lesquels vivent Justine et Claire semble caricaturale et sonner faux. On a du mal à croire que Justine puisse être à la fois ce personnage mal dans peau, instable, mélancolique et occuper une place aussi prestigieuse, un rang si élevé dans la société (elle vient d’être nommée directrice artistique d’une grande agence de pub).
Au-delà de ce pêle-mêle de références à la fois cinématographiques (Tarkovski, Malick, Kubrick) et picturales (en vrac, El Lissitzky, le constructivisme russe, les Préraphaélites et Ophélie, 1851-1852, de John Everett Millais), Von Trier manque de nuances, incapable de dépasser la citation.
La fuite de Claire en estafette de golf ne fait pas manquer la salle de rire, rappelant le grotesque (à force d’être pompeux) d’Anticrist (le côté gore en moins). La chute est tout aussi navrante. Et ce sont finalement les acteurs (Gainsbourg, Kunst, Sutherland fils, Hurt, Alexander Skarsgård) qui sauvent le film du naufrage complet. Une arnaque, vous avez dit ?…
www.youtube.com/watch?v=rAIwwpDj_qA
Film franco-danois de Lars von Trier. Avec Kirsten Dunst, Charlotte Gainsbourg, Kiefer Sutherland (2 h 10.)
Scénario : 1 out of 5 stars
Mise en scène : 1.5 out of 5 stars
Acteurs : 4 out of 5 stars
Dialogues : 1 out of 5 stars