Oui, une équipe de chercheurs du Massachusetts Institute of Technology (MIT) a conçu un médicament, DRACOs, capable d'identifier les cellules qui ont été infectées par une quinzaine de virus différents, puis de tuer ces cellules. Un développement relayé dans l'édition du 27 juillet de la revue Plos ONE et par le site du MIT, qui pourrait transformer radicalement le traitement des infections. Les chercheurs ont testé leur médicament contre 15 virus et constaté qu'il était bien efficace contre tous, dont le rhinovirus, le H1N1, le virus de la polio, de la dengue ou encore le virus Ebola.
Si la plupart des infections bactériennes peuvent être traitées avec des antibiotiques comme la pénicilline, on sait que les antibiotiques sont inutiles contre les infections virales, comme la grippe, le rhume ou encore les virus de la fièvre hémorragique, comme le virus Ebola.
En théorie, il devrait fonctionner contre tous les virus: Ce médicament innovant agit en ciblant un type d'ARN produit uniquement dans les cellules infectées par des virus. «En théorie, il devrait fonctionner contre tous les virus», explique Todd Rider, un scientifique du Lincoln Laboratory's Chemical, Biological, and Nanoscale Technologies Group et l'inventeur de cette technologie. Parce qu'il fonctionne sur un si large spectre, le médicament pourrait également être utilisé pour lutter contre les nouveaux virus épidémiques.
Peu de médicaments antiviraux disponibles: Cela fait 11 ans que Todd Rider tente de développer une thérapie antivirale à large spectre. Il est déjà l'inventeur de Canary (Cellular Analysis and Notification of Antigen Risks and Yields), un biocapteur qui peut rapidement identifier les agents pathogènes. "Si vous détectez une bactérie pathogène dans l'environnement, il y a probablement un antibiotique quilui correspond, explique le chercheur. Mais, concernant les virus, il y a peu de médicaments contre les virus spécifiques, tels que les inhibiteurs de la protéase utilisés pour contrôler l'infection au VIH.
DRACOs (Double-stranded RNA Activated Caspase Oligomerizers) va chercher ses agents thérapeutiques dans les systèmes mêmes des défenses naturelles des cellules vivantes. Dans le cadre de leurs défenses naturelles contre l'infection virale, les cellules humaines ont des protéines qui s'accrochent à l'ARN du virus, déclenchant une cascade de réactions qui empêche le virus de se répliquer. Toutefois, de nombreux virus peuvent déjouer ce système en bloquant une des premières étapes de la cascade. Todd Rider a eu l'idée de combiner une autre protéine aux protéines de défense naturelle, cette protéine induit les cellules à subir l'apoptose ou programme leur suicide cellulaire. DRACO comprend également un "tag” qui lui permet de traverser les membranes cellulaires et d'entrer dans n'importe quelle cellule humaine ou animale. Toutefois, si aucun virus n'est présent, Draco quitte la cellule intacte.
C'est une approche toute nouvelle, explique, sur le site du MIT, Karla Kirkegaard, professeur de microbiologie et d'immunologie à l'Université de Stanford, qui ajoute que les virus auront du mal, avec cette technologie, à trouver voie simple de résistance aux médicaments. Les essais ont confirmé l'efficacité du système sur des cellules humaines et animales cultivées en laboratoire, mais aussi chez des souris infectées avec le virus de la grippe H1N1. Lorsque les souris sont traitées avec Draco, elles sont totalement guéries. Des essais cliniques sur l'Homme doivent être programmés.
Source: MIT News “New drug could cure nearly any viral infection” (Visuel MIT “Drago traite avec succès des infections virales) et PLoS One 6(7): e22572. doi:10.1371/journal.pone.0022572 “Broad-Spectrum Antiviral Therapeutics” (Vignette “Traité-non traité”)
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