http://www.sudouest.fr/2011/08/19/pour-aider-muharem-477625-1391.php
Manifestation pour la libération de Muharem Saciraj le 11 août. PHOTO XAVIER LÉOTY
Ce soir, les membres du Réseau de vigilance citoyenne vont grossir les rangs du cercle de silence qui se tient une fois par mois devant la mairie. Avec à l'esprit un cas bien précis, celui de Muharem Saciraj, placé en rétention administrative au centre de Metz le 1er août.
Depuis cette arrestation, « Sud Ouest » s'est régulièrement fait l'écho de la situation dans laquelle se trouve la famille Saciraj, situation aggravée par l'éloignement du père, retenu à des centaines de kilomètres de La Rochelle. Or, hier, le juge des libertés a de nouveau prononcé le maintien en rétention de M. Saciraj, qui avait fait appel de la décision. D'où la colère des citoyens du Réseau de vigilance, qui estiment que cette mesure ne se justifie pas.
Roms et musulmans
Pour Muharem Saciraj et les siens, le cauchemar a commencé dans leur pays d'origine, le Kosovo. Muharem et son épouse, âgés de 30 ans, sont des Roms de confession musulmane, rejetés par les Serbes comme par les Albanais. Avec leurs deux enfants, ils vivaient à Vücitrn - région de Mitrovica, jusqu'en septembre 2009, date à laquelle ils ont fui les persécutions. Arrivé en France, Muharem Saciraj a déposé une demande de droit d'asile, sans succès jusqu'à présent.
C'est ainsi, à la suite d'un banal contrôle de son véhicule, à Troyes, alors qu'il rendait visite aux sœurs de sa femme, que les policiers ont découvert la situation irrégulière de M. Saciraj (1). La procédure administrative a suivi son cours et le jeune Kosovar, qui risque d'être expulsé du territoire français, est séparé de sa famille depuis trois semaines. Une famille qui va bientôt s'agrandir puisque Mme Saciraj, mère de trois enfants de 6, 4 et 2 ans, est enceinte de sept mois.
Des enfants menacés
En outre, la grossesse de Mme Saciraj pose des problèmes (risque d'accouchement prématuré). Quant au garçon de 6 ans, il doit intégrer à la rentrée un institut spécialisé de La Rochelle, en raison d'un handicap psychomoteur. Ce qui est impensable au Kosovo, où la famille peut être expulsée.
Le 6 août, la Cour européenne des droits de l'homme a suspendu la mesure d'éloignement dont fait l'objet M. Saciraj. Mais le juge des libertés de Troyes n'en a pas tenu compte. C'est pourquoi le Réseau de vigilance, qui dénonce « la criminalisation des migrants », appelle les citoyens à participer au cercle de silence de ce soir, à partir de 18 h 30, sur la place de l'hôtel-de-ville.
Christiane Poulin
(1) L'obligation de quitter le territoire français lui a été notifiée par la préfecture de Charente-Maritime le 13 décembre 2010.