« Il y a un corps entre nous », tel est le sous-titre de cette exposition. C’est dire que le corps est notre expérience commune et c’est à cela que renvoient les expressions populaires qui sont le fil conducteur de vitrine en vitrine. Et c’est cette façon de reconnaître les savoirs contenus dans ces expressions qui plaît d’abord dans ce lieu où les expositions sont toujours très documentées. Une exposition de mots, donc, parfois affichés sur les murs, parfois comme en filigrane. Des mots d’ici et d’ailleurs, car les frontières des proverbes ne sont pas celles des états, ni même au fond celle des langues. Et ces mots se rapportent à des parties du corps humain qui sont ici mises en valeur l’une après l’autre, dans un ordre qui s’apparente à celui de la conversation : on passe d’un objet qui relève de l’ethnographie à un autre, plus médical, ou une œuvre d’art contemporain. On ne se limite pas au corps proprement dit, ou plutôt si, c’est à ce proprement dit qu’on se laisse aller. Avec tout l’humour de la sagesse des dictons, des sentences. C’est vraiment réjouissant. Un couple en pierre, à qui on attribue les noms d’Adam et Eve (avec nombril !), nous accueille, mais les visiteurs marquent un peu d’impatience à se diriger vers l’oreille d’un côté, ou vers le nez de l’autre. Pourtant le calme du lieu, les deux étages, tout nous invite à traîner, à prendre le temps de lire, de sourire, de rire, de dire, de voir ce crâne en organdi d'Angélique Lefèvre, un coco-fesse, ces ex-voto en forme d’oreille, de pied, un bonnet d’âne, la robe créée par Alba d’Urbano où est imprimé un corps nu de femme (The immortal Taylor), une coloquinte peinte qui figure Pinocchio, des tortellini… On regarde l’heure en sortant, le temps a passé vite ! Le restaurant voisin a cessé son service et il faut pourtant manger : « C’est le ventre qui porte les jambes ».