Avertissement : Attention, billet avec du second degré et de l'autodérision dedans.
Peut être lecteur, qu’en parcourant quelques uns de blogs musicaux qui peuplent la toile t’imagines-tu qu’il s’agit d’une vaste communauté mais en vérité je te le dis la blogo c’est une espèce de micro-ghetto.
Oui.
On s’en rend compte assez vite en fait.
Si tu te souviens il y a peu j’avais listé 10 bonnes raisons de ne pas sortir avec une rock star et j’avais eu un commentaire dans lequel on me demandait « mais au fait t’as quoi contre les blogs musicaux ? » (que j’évoquais au passage dans le billet). Je peux te dire que j’étais à deux doigts de mal le prendre : Bah oui, parce que même si je raconte ici un peu tout et n’importe quoi des fois, au fond, statistiquement , je me targue de tenir un blog musical vu qu’il y a surtout des propos et images concernant la musique sur ce blog et que même quand je digresse un peu je termine toujours en musique (si, si, tu n’as qu’à vérifier si tu veux).
Alors voilà, peut être que cela en surprendra quelques uns mais je revendique mon statut de blogueuse musicale. Tout en ayant bien conscience, ceci dit, que ce statut n’a rien de particulièrement enviable. Ne va pas croire que je me vante parce que je m’en vais te démontrer qu’il existe plein de bonnes raisons de ne pas fréquenter un blogueur musical (et a fortiori de ne pas être tenté d’en devenir un).
1. Le blogueur musical (BM) comme n’importe quel autre blogueur croit que sa vie, ses envies et ses avis intéressent les autres (sinon pourquoi publier ?) donc il se raconte en long en large et en travers soit directement soit à travers ses penchants musicaux du moment et donne son avis (pas forcément toujours éclairé) sur ce qu’il entend, vit, lit.
Risque pour toi : Presque rien si ce n’est de devenir le récipiendiaire officiel de ses confidences (ce qui peut s’avérer très chronophage, méfie toi quand même)
Risque pour lui : à force de se regarder le nombril, finir par tourner en rond.
2. 2. Le blogueur musical a parfois tendance à trop s’alcooliser.
« Quand t’es dans la musique, t’es forcément alcoolique » lançait un jour en guise de boutade une de mes connaissances. J’ai ri. Mais quand même, force est de constater que c’est assez vrai. Aux concerts, le blogueur enchaine les bières. A l’open bar des festivals ou lors des soirées privées auxquelles il est convié, il se lâche sur les alcools forts. Dernier exemple concret en date : Backstage au festival Fnac Live, il est 17h30 quand je retire mon pass. Ensuite, je file directement commander un soda au bar. La serveuse n’en revient pas et m’indique qu’elle n’a pas l’habitude de servir des softs. Je lui indique en souriant « oui mais quand même, là, il n’est que 17h30 » Elle : « oui oh vous savez, ça n’empêche pas » et là un jeune homme porteur de pass lui aussi arrive et commande à haute voix une vodka pomme. 17h30 donc. Ahem.
Risque pour toi : Te retrouver à l’épauler lorsqu’il faut rentrer tard voire devoir excuser ses débordements liés à une imbibition un peu trop poussée. Dans le pire des cas : tenir la cuvette à son chevet all night long. So long…
Risque pour lui : une cirrhose avant 50 ans.
Illustration d'un article de Pierre Siankiowski / Les Inrockuptibles
3. 3. Le blogueur musical est une espèce d’androïde d’un genre nouveau qui possède une extension électronique de lui-même qu’il considère comme un prolongement de sa personne à proprement parler: son Smartphone.
Petite anecdote : Instant de panique à notre arrivée à l'hôtel Bruxellois qui nous accueillait, 3 autres blogueurs et moi, pour suivre un artiste dans SA ville (Jali) quand nous avons appris que l'hôtel ne disposait pas de wi-fi. Soulagement immédiat : des réseaux gratuits étaient disponibles un peu partout pour nos téléphones.
Risque pour toi : Déjeuner/dîner en face de quelqu’un qui checke son tweeter toutes les 3 minutes, qui répond à ses SMS en direct et assure une hotline sur FB h24. Hard si t’es pas préparé (mais qui l’est, au fond ?)
En plus pour pas te saper complètement le moral, je ne te dis pas la scène qui t’attend le jour où il va hurler sa douleur après qu’il ait perdu ou qu’il se soit fait voler son téléphone intelligent. Ca sera pour lui un peu comme une amputation à vif pour te faire une idée. Si tu veux mon avis, ne reste que si tu as ton BNS.
Risque pour lui : les études sanitaires n’ayant pas fourni de résultats alarmants jusqu’à ce jour considérons que sa santé n’est pas menacée. Pour ce qui est de sa vie sociale (la « vraie »), il y a péril en la demeure. Si j’avais le budget je lancerais même une rehab’ spéciale, tiens « décrocher des réseaux sociaux (et de l’alcool?) en 48h chrono ». Juste pour la blogo.
4. 4. Le BM est une petite chose fragile au fond.
Et s’il prend parfois un malin plaisir à déverser son fiel sur des artistes qui n’ont pas sa faveur, sache qu’il vit très mal les retours négatifs sur sa propre personne, ses images ou ses écrits. Le blogueur musical est donc souvent plutôt susceptible voire irrascible, il faut le savoir, et il est animé par l’envie que nous avons sans doute tous ancrée au fond de nous (sans toujours oser se l’avouer): qu’on l’aime. Aussi les commentaires désobligeants, rumeurs salissantes et autres piques qui lui sont adressées sont elles particulièrement violentes à lire/entendre/recevoir pour ce petit être chétif qui voudrait simplement au fond, que tout le monde le trouve intelligent/intéressant/doué/gentil/beau (oui il n’a qu’a pas tenir de vilains propos à l’encontre des autres, ça aidera sans doute au respect mutuel te dis tu peut être. Bon. Tu n’as pas tort. Mais on ne se refait pas hein. Le blogueur musical est un être humain comme les autres (enfin à quelques différences près, mentionnées dans ce billet)…
Risque pour toi : devoir soutenir l’être fragile mis mal en point par de méchants internautes qui ne le considèrent pas à sa juste valeur. Te retrouver en position de béquille humaine vouée à l’épauler envers et contre tout quitte à te fâcher avec des gens biens qui peut être ne l’apprécient pas (mais dans ce cas c’est qu’ils n’ont aucun goût t’expliquera t’il, alors tu ne perds dans doute rien (*ironie*)
Risque pour lui : Le naufrage dans l’abîme mentionné dans le 1 (tomber dans le gouffre sans fond qu'est son nombril, à force de tourner autour) + Développer un sentiment de persécution « tout le monde m’en veut, personne ne m’aime » qui peut aller jusqu’à l’état semi-dépressif.
5. 5. Le blogueur musical est un peu snob, en tout cas il en a l’air .
Il s’enthousiasme d’une façon très sonore pour des artistes que personne ne connaît encore (« QUOI ? tu ne connais pas Machin ? Mais attends, tu vis où ?, t’as rien suivi ? Ce mec est Gé-Nial ! ») et les délaisse dès lors qu’ils accèdent à un semblant de notoriété (« Ah oui Truc… Nan attends c’est devenu complètement commercial depuis qu’il a signé chez Untel (variante « que Chose a réalisé son album »…). Le blogueur musical est donc sans cesse en quête d’un « petit nouveau » à encenser, autant que possible un que personne ne connaît … Par ailleurs, il prend parfois en un rien de temps une sorte d’accent nasal snobissime qui te donne envie de le gifler (retiens toi, souviens t’en, il est fragile comme tout au fond) Ajoute à ça que le blogueur musical aime bien souvent se faire passer pour un hipster et soigne son look/ses mots/ses achats en ce sens tu comprendras vite qu’il est un peu la caricature du parisien tel qu’on se le figure en province. Assez détestable, donc.
Risque pour toi : Te sentir toujours un peu larguée, forcément. Ce qui lui fera le plus grand plaisir et le conduira à rechercher ta compagnie encore davantage. Si vraiment tu veux le pécho n’hésite donc pas à en rajouter dans l’admiration hébétée car le blogueur musical aime être flatté (voir 1. et 4.)
Risque pour lui : Psychoter dès qu’une tendance lui est passée à côté, s’en vouloir, se promettre que ça n’arrivera plus. Ca sent le développement de névroses multiples à plein nez. Si des signes avant coureurs arrivent jusqu’à toi : Fuis tant qu’il est encore temps et surtout, SURTOUT ne te retourne pas. Même s’il geint. Promets moi.
6. 6. Le blogueur musical est un party boy en puissance.
Jamais le dernier pour répondre présent à une invitation privée, il multiplie les soirées promo où il peut rencontrer ses pairs. L’occasion de boire des coups à l’œil en alimentant les potins mondains et en essayant de piquer les chouchous dénichés par ses confrères de la blogosphère (voir 1. Et 4). Oui bon parce que je te l’ai déjà dit en ouverture, tout le monde se connaît très vite dans « le milieu » et ça jase pas mal. Désolée pour la démystification mais voilà c’est comme ça. Un peu comme partout ceci dit, tu en conviendras bien, hein ?
Risque pour toi : Te retrouver comme son +1 attitré. Le +1 kesako ? Alors voilà : quand tu reçois une invitation et que tu peux être accompagné il est souvent mentionné « Ton nom Ton prénom +1 ». Alors ne soit pas étonné si tu reçois un message de ce genre un jour « Mardi prochain soirée privée à la cartonnerie : t’es mon +1 ? » Mais gare à toi (rapport à l’open bar : grisant, aux ragots qui vont bon train...) et vise un peu le 8 avant d’accepter.
Risque pour lui : Finir par croire que ce petit monde fermé dont finalement les protagonistes se ressemblent souvent beaucoup, constituent un échantillon représentatif du monde réel. Et perdre un peu pied avec la réalité sociale, politique, relationnelle ambiante.
7. 7. Le blogueur musical est parfois un peu vendu.
Il arrive qu’on lui envoie des albums, qu’on l’invite à des soirées. Souvent, sans mentir, les personnes qui gèrent les agences de promotion ou les maisons de disque font ça bien et essaient de cibler les événements et/ou les envois en fonction des publications propres à chaque blogueur. Mais des fois non. Et même que des fois il lui est plus ou moins suggére que le fait de travailler sur un artiste qui n’a pas sa faveur pourrait faciliter l’obtention d’accréditations pour d’autres évènements, que ça pourrait favoriser l’obtention d’albums qu’il convoite avidement etc… Alors voilà. Libre à chacun d’accepter ou pas mais la première fois que j’ai été confrontée à ça j’en ai parlé autour de moi, outrée, et j’étais assez sidérée de constater que nombreux sont ceux qui m’ont répondu quelque chose du genre « mais attends, atterris, c’est très souvent que ça se passe comme ça figure toi ».
Risque pour toi : aucun.
Risque pour lui : Se livrer à cette forme de prostitution électronique peut menacer sa ligne éditoriale et le conduire à des contradictions internes qui peuvent lui faire perdre en crédibilité illico et puis ça remet en cause les principes nobles qu'il s'était sans doute fixé au départ. Pas beau.
8. 8. Le blogueur musical est d’une compagnie détestable quand il assiste à un concert. C’est pas facile de s’en douter quand « on ne sait pas ». Et pourtant.
Peut être t’es tu dit, à la lecture du 6. « hey mais c’est cool, moi j’aimerais bien être son +1
attitré et courir les soirées parisiennes sympas avec concerts en petit comité ». Ouais. Attends.
En fait le BM qui se rend à ce genre d’événement y va pour donner son avis sur la prestation à laquelle il assiste voire en rapporter des photos ou de la vidéo et là son degré de disponibilité
avoisine le zéro. En plus vu que sur place il connaitra tout le monde il va passer son temps libre à papillonner dans l’assemblée façon VRP. Détestable je te dis : Tu risques donc de
te retrouver un peu seul(e) une bonne partie de la soirée. Plan foireux en vue.
Risque pour toi : T’ennuyer ferme alors que tu avais misé gros sur l’instant.
Risque pour lui : Passer à côté d’une compagnie qui aurait sans aucun doute pu s’avérer excellente. Tant pis, dis-toi qu' il ne sait pas ce qu’il rate, hein…
9. 9. Le blogueur musical croit qu’il connaît tout le monde.
Forcément. Vu qu’il passe ses soirées et parfois ses journées aussi dans des endroits où d’autres blogueurs sont conviés, il finit par vivre en vase clos sans même s’en rendre vraiment compte. Il faut savoir que l’expression « je le connais bien » n’a pas la même signification dans la vraie vie et dans celle du blogueur musical. Pour lui, le fait d’avoir échangé trois mots (voire aucun pour les cas les plus sévères) sur FB peut suffire à justifier une amitié avérée. Alors que bon, dans la vraie vie, a priori, ça ne suffit pas. « Prince à Bercy nan j’y serai pas mais, attends, tu sais, je le connais SUPER BIEN !! » (dit celui qui l’a croisé dans un couloir d’aéroport il y a quelques années) : Mytho.
Risque pour toi : T’étourdir un peu lorsqu’il recense ses amitiés dans « le métier ». Ne pas oser lui expliquer qu’il est un peu dans l’erreur (parce qu’il veut croire que tout le monde l’aime, pauvre être et que tu n’oseras sans doute pas briser son rêve)
Risque pour lui : Croire vraiment à tout ça et s’investir plus que de raison dans certaines de ces relations factices (qui sont légion). Se retrouver associé à des inconnus qui miment l’intérêt sincère dans le but de l’accompagner, gratter quelques albums ou des places de concert à l’occasion.
10. 10. Le blogueur musical se prend pour un journaliste.
Perdant de vue que ce qui est un hobby n’est pas une activité professionnelle à proprement parler rapport au statut un peu batard (il faut bien l’avouer) qui est le sien, le blogueur musical se met parfois à parler exclusivité vis à vis de certains artistes, à la revendiquer même parfois, à réclamer des places d’exception lorsqu’il assiste à un concert, à avoir des exigences qui peuvent paraître démesurées compte tenu de son « simple » statut de blogueur.
Risque pour lui : Avoir un melon « comme ça » en quelques petits mois seulement.
Risque pour toi : Etre assimilé(e) à lui et à ses exigences bizarres. Passer pour une pimbêche (un bêcheur) sans avoir rien fait du tout de ton côté : Dommage collatéral.
Bon bien sûr tu te doutes, je ne souffre pas de ces tares listées ici. Penses tu ! (Attention dernier paragraphe à prendre au 3ème degré) :
Bah oui, moi je sais que ma vie n’intéresse personne c’est pourquoi je ne la raconte jamais dans mes billets vois tu (1), mon livre de chevet, c’est l’évangile selon St Yorre (pas d'alcool ou si peu) (2), je suis totalement indépendante de mon Androïd d’abord c’est simple, je ne suis même pas sur twitter tu vois «(3) bon ok je twitte sur FB et ça c’est un monstrueux snobisme que j’assume et même que je revendique. Arf. (et pan le 5 aussi), je me contrefiche des commentaires désobligeants postés sur le blog partant du principe que des gens qui n’ont aucun goût, il y en a partout, je ne suis pas du style à me formaliser pour ça :)(4), je n’ai jamais mis les pieds à une B.A.M. (je te raconte un de ces jours de quoi il s’agit) (9),….
Bref. Tu l’auras compris, en fait, je suis comme les autres, bourrée de défauts et sans doute un peu plus égocentrée que l’internaute moyen. Mais est ce que ce ne sont pas les défauts qui rendent les gens plus intéressants, souvent, hein ? (Déformation « professionnelle » : je termine par une autocongratulation et je désamorce la charge globale du billet. Irrécupérable je te dis, il est encore temps : Fuis !)
En résumé : Le blogueur musical est grégaire, il se la raconte, il sait rarement ce qu'il veut ni où il va. Le BM boit. Et pas que de l'eau. Crois moi.
Alors si toutefois tu en avais un dans ton viseur, un conseil : Change de target, poulette!
(Tu auras remarqué que ce billet pour des raisons de commodité éditoriale, s'adresse à un lectorat féminin et ne traite que du cas du blogueur "mâle". Sache qu'il en va de même pour la femelle de la même espèce et que ce billet n'est donc absolument pas sexué).
Enfin pour mes confrères de la blogo qui pourraient être amenés par ici je SAIS que vous avez suffisamment d'humour et de second degré pour comprendre qu'il s'agit là d'un billet décalé, au même titre que l'était celui intitulé "10 Bonnes Raisons de ne pas épouser une Rock star".