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"Quand je parlerais toutes les langues des hommes et des anges, si je n'ai pas l'amour, je suis un airain qui résonne ou une cymbale qui retentit." (Corinthiens, I, 13, 1)
L’auteur :
Léonora Miano est née au Cameroun. Après avoir consacré une trilogie à l'Afrique avec L'Intérieur de la nuit, Contours du jour qui vient, prix Goncourt des Lycéens 2006, et Les Aubes écarlates (2009), elle est l'une des premières à avoir fait entrer la population afropéenne dans la littérature en publiant Tels des astres éteints (2008) et Blues pour Elise (2010).
L’histoire :
Né dans l'Hexagone, Antoine Kingué, dit Snow, n'arrive toujours pas à surmonter la rancoeur qu'il nourrit envers sa mère, coupable de ne l'avoir jamais assez aimé. Elle n'a pas hésité à le laisser en pension alors qu'il n'avait que sept ans et à l'envoyer passer les grandes vacances seul au Mboasu, ce pays subsaharien, où il ne s'est jamais senti à sa place. Tout ça pour une histoire d'amour qui a tourné court. Et puis, il est persuadé que son frère Maxime a reçu plus d'affection que lui.
Pour se venger de cette enfance malheureuse, Snow fait payer ceux qui l'ont fait souffrir, rêve de devenir une vedette adulée, une star dont la vie serait enfin brillante et facile.
Quand son frère lui annonce son retour au pays avec leur mère, Snow voit son univers s'effondrer. Sans plus personne sur qui passer sa rage, il se retrouve face à lui-même.
Débouté par cette existence qui ne cesse de se dérober sous ses pieds, il va être amené à renouer avec une histoire qu'il a toujours reniée, celle de ses origines subsahariennes, là-bas, au Mboasu.
Ce que j’ai aimé :
Ces âmes chagrines est un roman qui peut étonner au premier abord tant il semble éloigné de l’univers léger et lumineux de l’auteur. C’est un roman qui parle de solitude, d’abandon, du manque d’amour destructeur, de dépression. Léonora Miano l’explique elle-même : il est basé sur un texte initial ancien, elle avait 30 ans alors et ressassait ses histoires familiales dans un climat de dépression latente. Nous sommes donc bien loin du monde de « Blues pour Elise ».
Néanmoins, si le personnage d’Antoine, être déstructuré par l’abandon de sa mère bien décidé à se venger sur les autres, est relalivement sombre, il s’achemine au fil du récit vers une rédemption libératrice et optimiste. Lénora Miano nous enjoint par ce récit à «éviter l’enfermement, le ressassement de la douleur, éviter l’amertume, essayer la résilience, essayer d’y croire » et nous offre une lueur d'espoir dans une société gangrénée par la solitude…
Ce que j’ai moins aimé :
- Le talent de Léonora Miano permet de ressentir au plus près l'étouffement étriqué dans lequel vit Antoine, si bien que j'ai quelquefois eu du mal à respirer...
Premières phrases :
« Les femmes venaient de descendre. Il les voyait depuis le balcon de la terrasse donnant sur le jardin privatif, avec ses arbustes élégamment taillés, ses toboggans et balançoires destinés aux enfants des résidents. Philomène, apercevant de loin les voitures du funiculaire qui glissaient le long du câble, avait demandé quel était cet engin. »
Vous aimerez aussi :
Du même auteur : Blues pour Elise de Léonora MIANO
Autre : Celles qui attendent de Fatou DIOME
Ces âmes chagrines, Léonora MIANO, Plon, août 2011, 280 p., 20 euros