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Le mythe Steinway & Sons

Publié le 20 février 2008 par Nicolas Lordier

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La première fois que j'ai pu entendre vibrer les cordes d'un Steinway & Sons, c'était il y a pile quinze ans, au début de mon adolescence. Je découvrais la musique pop britannique et comme tout le monde, je n'ai pas échappé au groupe Queen et à la superbe de Bohemian Rhapsody (régulièrement élue parmi les cinq meilleurs chansons de tous les temps). Sur cet extraordinaire pièce, n'ayons pas peur des mots, Freddie Mercury utilisait un Steinway & Sons, la Rolls des pianos.
Evidemment, le fait de plaquer ne serait-ce qu'un accord sur cette divinité procure une émotion immense, mais il faut se rendre à l'évidence, ces pianos sont réservés aux grands pianistes, aux virtuoses, aux maîtres. Dans l'excellent article de Bertrand Gauthey, journaliste pour le magazine Newzy, vous allez en savoir plus sur cette légende. Bon voyage dans la mythologie...
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Plébiscités par les professionnels, follement désirés par les amateurs, les plus beaux instruments du monde sont fabriqués à Hambourg. Visite guidée.


L’actualité des facteurs de piano n’est pas rose. Bösendorfer, la célèbre marque viennoise, a été vendue à Yamaha en janvier et l’usine Pleyel d’Alès est fermée. Ce n’est pas pour autant une bonne nouvelle pour Steinway & Sons, la référence absolue (on ne dira pas la Rolls des pianos, l’hyperbole étant réversible…). La marque préfèrerait que le secteur soit en bonne santé, et ne voit pas dans ces noms des concurrents. « La concurrence s’appelle plutôt Porsche Cayenne ou BMW M5 ! », hasarde Elie-Marc Gerbi, District Sales Manager de Steinway. Jusqu’à 116 700 euros le piano à queue de concert, les acheteurs potentiels aimeraient mieux des joujoux comme les voitures de luxe. La faute aussi aux instruments électroniques, et à la mode qui n’est pas à l’interprétation entre amis de quelque Nocturne de Chopin…

Fâcheuse époque, car ces instruments sont de pures merveilles.


3 ans pour faire un Steinway

C’est à Bahrenfeld en banlieue ouest de Hambourg, à l’abri de massifs bâtiments en briques rouges, que sont fabriqués les 1200 pianos produits annuellement. Depuis 1880. D’abord le bois. Noble, des épicéas d’Alaska, des érables du Canada, du peuplier, de l’acajou « mûrissent »  dehors pendant deux ans, et sèchent dans un hangar ouvert à tous les vents pour se stabiliser.
Vient la facture de l’instrument, sur les cinq étages de l’usine. On commence par l’extérieur, le corps résonant, la ceinture faite d’un seul et même bois, dans le sens du fil, au grain horizontal, pour mieux transmettre le son.
A un autre étage, dans un climat de forge, des ouvriers poncent à la main les lourds cadres en fonte brute.
Atmosphère monacale en revanche dans l’atelier des tables d’harmonie, l’âme de l’instrument. Pas de photos autorisées, les menuisiers sélectionnent les lames d’épicéa par la densité de leurs cernes annuels. Des cercles plus espacés pour les basses et plus resserrés pour les aigus.
Tout est fait pour garantir la durabilité et la richesse du son. Dans les moindres détails : ainsi le sommier qui supporte le cadre, tenu par des chevilles en bois, est réalisé de six couches d’érable dont le sens des fibres se croise à 45 degrés, afin que la tenue de l’accord soit parfaite !
Plus loin, d’une petite pièce fermée par une double porte, parvient une bien étrange musique répétitive et obsédante : chaque piano est testé une heure au minimum et, inlassablement, une Einkaupmaschine joue 10 000 fois chaque touche pour tester les cordes. Première cascade primale de gammes sur 7 octaves un quart.
Enfin au sommet du bâtiment, dans des cabines insonorisées, quatre intoners – imperfectiblement traduisible par « harmonisateurs »–, donnent à chaque piano sa personnalité. Gerd Fründ, intoner depuis 48 ans, une des oreilles de Steinway, tente d’expliquer « qu’il n’y a pas de problèmes techniques, que le feutre, le bois sont des matériaux naturels, qu’ils évoluent… qu’il faut des heures pour donner les sons aigus et puissants, pour modeler le caractère sonore du Steinway. Que l’harmonisation sert à donner une tonalité équilibrée et régulière dans toutes les gammes. »
Tous ces détails de fabrication sont-ils vraiment indispensables, le sens du bois a-t-il un effet sur la note ? Cette obsession de la qualité influence-t-elle à ce point l’acoustique de ces pianos ? « Tous les grands pianistes veulent jouer sur des Steinway », répondent unanimement accordeurs, musiciens, producteurs interrogés. Sans appel.
Henry Z. Steinway, l’arrière-petit-fils du fondateur, à qui l’on demandait : quelle est la durée de vie d’un piano Steinway & Sons ?, répondit : « Je ne sais pas, nous n’en fabriquons que depuis 150 ans. »


L'article original se trouve ici : http://www.newzy.fr/luxe/piano-de-doigts-divins-2.html


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