Chalon dans la rue, 2011 (7)

Publié le 18 août 2011 par Onarretetout

Retouramont, Cette immense intimité

Sur le mur (la photo ci-contre, extraite d'une captation vidéo de la Compagnie, n'a pas été prise à Chalon), quelques lettres à peine distinctes, peut-être blanchies pour l’occasion. Un mur presque blanc, donc. Comme la toile d’un peintre. Le modèle y prend place, et son ballet commence. Accrochée à un élastique, la danseuse lutte avec grâce contre la pesanteur, ou le contraire. Les forces qui la mettent en mouvement lui font écrire sur le mur une trajectoire. Elle ne dialogue pas avec ces traits, ces formes qui balaient le mur. C’est son mouvement qui déploie autour d’elle une image colorée, qui élargit son geste ou le reprend, comme par un effet de systole-diastole. Le spectateur doit d’abord se faire à la perspective proposée, comme si on voyait la danse depuis une position supérieure, mais cette impression laisse place à une autre : celle de la toile, de l’écran, ces surfaces limitées, souvent rectangulaires, qui emplissent notre environnement social. La relation à cette verticalité nous paraît alors quasi naturelle ; elle ne l’aurait sans doute pas été il y a une vingtaine d’années. Notre perception de l’espace a changé et c’est si vrai que l’étrangeté de la proposition est niée par le titre de ce spectacle, Cette immense intimité. Une intimité qui offre, à partir d’elle-même, cette immense palette de gestes et de couleurs aux regards qui cherchent pourtant l’ombre de la danseuse à l’angle du mur, comme pour se rassurer, pour retrouver le corps, pour reprendre pied sur terre. Et voici qu’elle touche le sol et s’envole à nouveau, mais avoir touché le sol annonce le retour à nous-mêmes. Et le mur, pour nous qui venons d’assister au spectacle, n’est plus blanc, comme si cette danse y était définitivement inscrite.