Le sujet "Green IT" (utilisation des technologies de l'information pour la préservation de l'environnement) a eu son heure de gloire aux alentours de 2008 puis il est lentement passé de mode, au point de n'être presque plus évoqué par les entreprises aujourd'hui (comparez, par exemple, le rapport annuel 2010 de BNP Paribas à celui de 2009). Pourtant, à en croire 3 articles récents, les efforts se poursuivent, malgré tout, et sembleraient même commencer à porter leurs fruits.
Pour commencer, Jonathan Koomey, chercheur spécialiste des "solutions climatiques", s'est livré à une intéressante analyse de l'évolution de la consommation énergétique des data centers (centres de production informatique) entre 2000, 2005 et 2010. Bien que reposant sur des estimations, la diversité et le sérieux des sources utilisées pour cette étude lui donnent une certaine crédibilité.
Principale conclusion de ce travail, la tendance à la croissance observée entre 2000 et 2005 s'est apparemment fortement ralentie au cours des 5 années suivantes. Au lieu du doublement attendu de la consommation d'électricité, l'augmentation n'a en effet été que d'un peu plus de moitié dans le monde et, mieux encore, de 36% aux Etats-Unis. Naturellement, la crise financière a eu un effet majeur sur le nombre de nouveaux serveurs installés mais il apparaît tout de même que l'adoption de techniques de virtualisation a aussi contribué à ce résultat, même avant 2007.
Une enquête bi-annuelle d'Ovum, réalisée auprès de 500 décideurs informatiques à travers le monde, vient confirmer cette impression. Elle révèle une croissance, modeste (4,6%) mais constante, du nombre d'organisations entreprenant des projets "Green IT".
Et la virtualisation du data center s'affirme largement comme l'initiative la plus populaire en la matière, avec 52% d'adoptants et une projection à 65% d'ici à quelques années. Le constat n'est cependant pas entièrement optimiste puisqu'il semblerait que les serveurs ainsi "libérés" soient souvent réassignés à de nouvelles tâches, ce qui tend à réduire l'effet positif sur la consommation d'électricité.
Au-delà de la virtualisation des serveurs, d'autres approches sont presque aussi répandues dans les entreprises et vont connaître une accélération à court terme. Il s'agit notamment de la virtualisation des postes de travail, de l'optimisation des impressions et de la consommation de papier, et de la gestion avancée de l'alimentation des PC et moniteurs.
Ovum estime que les efforts se développent, non plus en raison de seules préoccupations environnementales (et les bénéfices qualitatifs qui peuvent en découler), mais surtout parce que les responsables ont pris conscience des avantages économiques qu'ils peuvent en retirer, devenus d'autant plus important dans un contexte de stagnation des budgets informatiques.
Ce même argument est repris par Gartner pour justifier, en grande partie, les résultats de son enquête auprès de dirigeants d'entreprises, dont 60% déclarent qu'ils inclueront le développement durable parmi leurs 5 principales priorités stratégiques d'ici 2015.
En approfondissant la réflexion, les analystes de Gartner considèrent que l'émergence de nouveaux outils et systèmes de suivi et d'analyse est un facteur majeur de cette évolution. En effet, les responsables financiers auront progressivement à leur disposition des métriques leur permettant de vérifier a priori les bénéfices réels (et chiffrés) des initiatives liées au développement durable. Encore une preuve que les technologies sont au cœur du sujet !
Terminons cette note optimiste avec une idée, venant de Google, qui vous permettra peut-être de réduire de quelques tonnes les émissions de CO2 de votre organisation. Dans le cadre de ses efforts en faveur d'un immobilier plus "vert", le géant de l'internet a mis en place un concours interne qui met en compétition ses équipes dans le monde entier sur les progrès de la qualité environnementale de leurs espaces de travail.