FOLK - Kurt Vile, un nouveau jeune prodige folk. Ou le 23e du nom? C'est qu'on nous en ressort un chaque année. Décryptage d'un album sans prétention mais vampirisé par la presse musicale.
Ainsi, le 4e album solo de ce jeune de Philadelphie aux cheveux longs et ondulés vous caresse d’entrée dans le sens du poil. Dès le doucereux "Baby’s Arms", ce dix-titres offre une simplicité d’écriture touchante mais vous envoie son intelligence en pleine poire. Si cet album se défait de l’emprunte lo-fi des trois précédents, les sympathies financières de Matador Records aidant, le son n’en est néanmoins pas moins authentique, n’en déplaisent aux puristes du self-made et autres amoureux du crados parfois inaudible. La voix se pose comme une plume sur cet enchevêtrement de pickings, tandis que plus loin, sur "Puppet To The Man", guitare et vocale sont font plus aguicheuses, voire carrément putes.
C’est le retour du Classique avec un grand « C », rien d’original, un folk qui se lie au blues, ose parfois le dégradé rock, mais même si je l’ai lu partout, je n’ai rien ressenti de psyché. Certes, ses compositions flirtent avec une ambiance aérienne, mais on est bien loin d’un envol spatial qui crève l’atmosphère. D’ailleurs, pas de climax, les ballades se suivent avec une partie rythmique minimaliste au point de sentir le bâclé, proposent de temps à autre une petite touche perso (harpe sur "On Tour", le vocalise qui se la joue ampoulé western sur "Runners Ups", une guitare aquatique à la fin de "In My Time"), mais la fin de l’album vous donnerait presque des ailes si vous ne vous dépêtriez pas déjà à digérer les huit morceaux précédents.
Parfait pour la branlette, intellectuelle et manuelle
Dans à peu près le même style, autant lui préférer encore Devendra Banhart, plus bandant de folie, ou Bradford Cox – allez hop, je le sors aussi, comme moult parallèles faits dans les chroniques sur Kurt Vile, mais là pour garder sans partage le qualificatif « prodige » à Atlas Sound. Mais les trois premiers albums de Kurt Vile, surtout CHILDISH PRODIGY, suggèrent que le garçon a encore du matos sous la caboche, et que cet album n’est pas celui de la maturité comme on se plaît à le dire – décret aisé tant la galette est le fruit d’une bonne digestion de vieux dinosaures (cités plus haut). Un album pour bourgeois-es bohèmes qui lisent Femina, pondu par un doux rêveur de banlieue noyé sous ses dix frères et sœurs. Parfait pour la branlette, intellectuelle et manuelle.
En concert à la Rote Fabrik le 21 août, avec The Violators pour y ajouter – on l’espère – un peu de pompeux. Kurt Vile a encore de la marge pour cela.
Ecrit par Stéphanie Monay - Le 17 aoû 2011