Les gens du balto

Publié le 17 août 2011 par Lorraine De Chezlo
de Faïza Guène

Roman - 180 pages
Editions Hachette - août 2008
Editions Livre de Poche - janvier 2010



A Joigny-les-Deux-Bouts, tout au bout de la ligne de RER, il est un bar-tabac, le Balto, où se croisent certains habitants du quartier. Il y a Yéva, une femme d'origine arménienne qui n'a pas sa langue dans sa poche ni sa jupe aux orteils, qui passe avant d'entamer ses journées de boulot. Le soir elle retrouve son mari chômeur enfoncé dans le canapé, Tanièl son fils qu'elle ne sait pas renvoyé du lycée, et Yeznig, le frère retardé mental. Ali, comme sa soeur Nadia, est un nouveau venu dans le quartier ; il a des vues sur Magalie. Un jour, Jojo, le taulier du Balto, homme bourru, raciste et macho à ses heures, est retrouvé mort baignant dans son sang. L'enquête policière se met en place et les habitués du lieu sont interrogés.

Avec ce roman, la jeune auteure de Kiffe kiffe demain arrive à nous étonner en réussissant un roman prenant place dans un quartier populaire, contemporain, mais avec une nouvelle facette : un roman choral doublé d'une intrigue policière à suspense. Avec toujours cette facilité à décrire les galères des familles de ce quartier, les problèmes de l'adolescence, les difficultés liées au chômage et à la pauvreté.


Extrait :
"C'est pas que je sois un sentimental mais Mme Yéva, c'est spécial. C'est le genre de femme qui donne de l'inspiration. Il est arrivé qu'une fois ou deux, je lui mette discrètement la main au derrière. Elle l'a vraiment mal pris. Je me suis défendu en disant que je l'avais pas fait exprès mais elle m'a fait une grosse scène. Pendant qu'elle me hurlait à la figure des noms d'oiseaux, je pensais qu'elle avait un sacré caractère et ça m'attirait encore plus fort. Elle vit avec trois hommes et y en a pas un pour rattraper l'autre. Deux fils : un bandit à casquette et un mongol. Et un mari en jogging drogué par la Française des Jeux. Elle doit rester avec lui pour ses prouesses au pieu, je vois que ça. Et encore, faut avoir de l'imagination. Ma Yéva, c'est bien la seule chose qui va me manquer maintenant. Je baigne dans mon sang, à poil, dans une position incroyable. Je pensais voir défiler ma vie comme un film, mais c'est une connerie. J'entends seulement des voix."

Les chapîtres se suivent en donnant la parole chacun à un client du Balto ou à son patron Jojo. Tour à tour ils nous décrivent leur quotidien, leurs habitudes dans ce bar ou chez eux. A mi-parcours, le décès mystérieux survient, c'est une coupure de journal qui nous l'apprend. Enfin, les chapîtres reprennent avec les interrogatoires successifs de chacun, et également les mots du mort. On sourit souvent à cette lecture, et on apprécie la plume de l'auteure, pleine de malice et d'intelligence. Elle nous tiendra aisément jusqu'à l'issue de l'enquête, en nous laissant avec un ultime rebondissement.
Les gens du Balto, c'est un roman bien construit, qui n'est certes pas écrit pour resté gravé dans nos mémoires, mais pour nous faire passer un réel bon moment de lecture, des phrases au langage "djeuns" certes mais de la langue française néanmoins.

L'avis de Papillon - Journal d'une lectrice

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