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Le moulin du Pape

Publié le 17 août 2011 par Legraoully @LeGraoullyOff
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Le moulin du Pape

Les Espagnols ont eu cet été l’occasion de réviser moults classiques de la littérature. Après l’explosion de la dette publique et les mesures de rigueur drastique qui s’en sont suivies, ce pays dont un quart de la population active est au chômage et dont l’âge de départ à la retraite dépassera bientôt l’espérance de vie, a cru voir à la porte de son avenir l’inscription que portait l’entrée de l’Enfer de Dante: « Vous qui entrez ici, laissez toute espérance ». C’était sans compter sur une frange du lectorat plus portée à la révolte, qui a entre-temps assimilé le best-seller de Stéphane Hessel, et a créé un mouvement intitulé les Indignés.

Toutefois, l’Espagne qui tire une bonne partie de ses revenus du tourisme, se montre parfois bien ingrate avec ses campeurs: en application de l’adage panem et circenses cher au poète Juvénal, ces vacanciers bruyants et politisés furent priés d’aller planter leurs canadiennes et leurs graines d’anarchie ailleurs, le temps de célébrer la victoire d’un (riche) club de football catalan à une compétition européenne. L’observateur impartial, qui a lu Cervantès, commence alors à comprendre la détresse qui devait être celle de Sancho Pança  regardant Don Quichotte se battre contre des moulins. Or voilà que s’avance un moulin de taille, qui risque encore de provoquer des mouvements de population autour de la Puerta del Sol.

En effet, pour célébrer le 1000è numéro de Charlie Hebdo paru cette semaine, le souverain pontife a décidé d’organiser les Journées Mondiales de la Jeunesse à Madrid. Il est vrai que depuis que l’Inquisition et le franquisme sont tombés en désuétude, le jeune chrétien espagnol se morfond et traîne sa mélancolie dans les rues de sa capitale envahie par les hippies hesseliens. Incontinent, Benoît XVI invite donc les catholiques des quatres coins du planisphère (puisque nous précisons à nos lecteurs les moins portés sur la science mathématique qu’un globe n’a pas de coins et qu’un hexagone en compte neuf) à venir se saouler à la bière sans alcool (authentique) et à venir se bronzer la foi, au risque de provoquer de légitimes inquiétudes sur le coût de cette boum géante.

Mais le Graoully, même s’il nourrit une  défiance certaine à l’égard du personnel écclésiastique depuis l’affaire de Saint Clément, tient à rassurer les esprits chagrins: le Pape n’est pas venu que pour changer l’eau en calimucho et multiplier les chipolatas. Il a de très bons amis, au portefeuille bien garni, qui ne manqueront pas de mettre la main à la poche et de nettoyer la salle après les festivités, qui se regroupent dans un club nommé Opus Dei. Comme ils lui sont un peu redevables, on ne mettra pas en doute leur bonne volonté à éteindre les critiques des méchants Indignés qui en passant de vie à trépas rejoindront directement le huitième cercle de l’Enfer cité plus haut, celui des séditieux et des semeurs de trouble.

Dans un prochain épisode, nous nous demanderons si la santé publique a plus à craindre des fumeurs de chichon qui refont le monde au soleil, ou des dealers d’opium du peuple qui n’en finissent plus d’essayer de refourguer leurs vieilleries.


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