Cela faisait un petit moment qu'il trainait dans ma bibliothèque. Un petit moment aussi, que je me réécoutais certains titres sans jamais ressentir le besoin de passer au suivant. La paresse… Il faut avouer que ce Brightblack Morning Light inspire à la fainéantise, une propension à l'inertie, comme rarement le rock ne m'en a donné le loisir d'en écouter. Sorti en 2006, ce premier album éponyme avait séduit la critique. C'était à l'époque de la vague freak-folk, des Devendra Banhart, Vetivers, Joanna Newsom et Cie. De ce mouvement musical du "retour à la terre" en lien avec cet esprit folk des années 60', je trouve que les Brightblack Morning Light s'en sortent le mieux.
Activistes et musiciens, le groupe a toujours fuit l'exposition médiatique, préférant la vie au grand air sauvage, allant même à enregistrer leur musique à l'énergie solaire. Nathan Shineywater joue de la guitare slide. Quant à Rachael Hughes, elle préfère les piano Rhodes vintages. Leurs influences ? Allen Ginsberg, l'un des leader de la Beat Génération, Carlos Castaneda, l'anthropologue qui se fait le témoin de son initiation au rites chamaniques… Voilà pour l'arrière plan. C'est que leur musique indolente agit en trompe l'oeil. Pas désoeuvrés pour autant, ils organisent également les "Quiet Quiet" festivals dans plusieurs localités de Californie et dans lesquels ils invitent les groupes freak-folk précédemment cités.
Dès le premier titre de l'album, "Everybody Daylight", le groupe installe une atmosphère molletonnée et nonchalante. Le son du piano Rhodes a ce quelque chose de lourd et de pesant qui contraste avec le chant éolien de Shineywater. Quelques flutes lointaines tourbillonnent dans le lointain de ce paysage musical, écrasé par la chaleur et par le rythme blues du morceau. Leur musique évoque la pesanteur des grands espaces américains, avec cette atmosphère étouffante et peu rafraîchissante. Les percussions sont légères et espacées. L'utilisation de cymbales confère à leur musique cette image miroitante de l'oasis perdu en plein désert. Leurs titres semble d'ailleurs emprunt de cette esthétique liée à la culture amérindienne - "Black Feather Wishes Rise" - et de ce mode de la vie "sauvage" en accord avec la nature, dont ils revendiquent les bienfaits.
En bref : trip sous peyotl à la Castaneda, ou ode au farniente, les américain livrent un album en tout point séduisant.
"Star Blanket River Child" :