Max | Peurs

Publié le 17 août 2011 par Aragon

Les trois religions du Livre ont été les grandes spécialistes de la propagation et de l'entretien des peurs. Peurs déclinées sous toutes leurs formes et couleurs : peurs bénignes et vénielles, peurs viscérales, peurs abyssales, peurs millénaristes, terreurs, peurs vertes, peurs bleues et noires...

Elles te la jouaient dès la puberté à "je te tiens par la barbichette" mais à sens unique. Te lâchaient plus ensuite. Ta vie durant t'était coincé. T'était pris par une tenaille de fer qui se refermait sur tes cojones. Tout le monde était tenu. Homme, femme, enfant, vieillard, même les morts que l'on pouvait déterrer, condamner et réduire à néant !

La femme surtout. Cette  perverse potentielle femelle qui devait filer droit et doux (quand même), ne pas être une  tentatrice démoniaque plus proche pour le religieux de l'infecte succube que de la normale femme, fille, soeur, amante ou mère. Culs et nichons effrayants - horreur tentatrice - sur lesquels se déversèrent des tonnes d'eaux bénites aspergées pendant des siècles par des docteurs de la foi refoulés mais perpétuellement obsédés...

"Ce qui fait l'horreur c'est le désir et le désir devient monstre" disait l'adage moyenâgeux.

Les trois religions ont fait plus de victimes à travers le temps que mille shoahs misent bout à bout. Un pape, pas celui-là, son prédécesseur, s'est excusé du bout des lèvres pour les ravages de l'Inquisition (Sainte) en place jusqu'au 19ème siècle en Espagne !

Je pense à ces peurs en découvrant ces sculptures symboliques et effrayantes destinées à frapper l'imagination du peuple au moyen-âge. Les gens ne lisaient pas bien sûrs, mais ils savaient voir et il fallait donc les toucher durablement et là où ça fait le plus mal. À l'imagination.

Liliths lubriques, sexes exposés, démons dévorants, petits et grands masturbateurs, géhennes engloutissantes, le livre était vu de tous, tu passais sous ses pages de pierre en tremblant en entrant dans l'église.

Dans ces villes et villages aragonès magnifiques au bout de tout, en "fin du monde", Sos del rey, Yeba,  Burgasé, Albenilla,  Orès, tant d'autres, deshabitados parfois, les églises sont là, vestiges ruinés ou intacts.

Les démons, les peurs, les oukases, les interdits de vivre - de jouir du bonheur - sont toujours inscrits dans la pierre, narguant les gens, la vie et le temps. Maudites religions !

Millions de fidèles qui gobent encore de nos jours ces infects messages frelatés, qui alimentent par leur propre incapacité à réfléchir - à se servir d'un cerveau -  ces moulins broyeurs de vie.

Peurs, haines, diktats haineux , jugements, que l'on trouve alors normaux et obligatoires quand on est un mouton aveugle, bêlant, consentant, sous l'impitoyable férule.