Par Mathieu Beaufrère
Un article publié en collaboration avec Paixao Hall
C’est sur le vieux piano de sa grand mère, chez laquelle il vit, que Mario Canonge débute tardivement l’apprentissage de la musique avant d’accompagner la chorale dominicale d’une petite commune du sud de la Martinique. Le piano occupe alors une place prédominante et toute la famille joue de la musique. Plutôt doué, à 19 ans le jeune homme quitte son île, destination la métropole afin d’étudier la musicologie. Les tabourets de bar remplacent rapidement les bancs de la faculté. Le pianiste enchaîne les petits groupes de musiques antillaise, jazz-salsa et jazz-rock. Déjà l’éclectisme est de rigueur. La vingtaine se passe paisiblement lorsque le jeune martiniquais rencontre un autre prodige de sa génération, le guitariste Nguyên Lê. Ce qui semblait n’être que les aventures dilettantes d’un gamin des îles, perdue dans la capitale, apparaît à lauré des années 1990 comme la naissance d’un virtuose accomplie. Dans la foulée, et l’air de rien, Mario remporte le premier prix de piano du festival Jazz à la Défense.
Après de riches collaborations, notamment avec la chanteuse Nicole Croisille, et un retour aux antilles avec le Grand Méchant Zouk, qui réunit tous les grands noms du zouk (Tanya Saint-Val, Dédé St Prix, Marie-Josée Alie, Jacob Desvarieux), le pianiste se lance en solo. Enregistré en seulement trois jours, l’album Retour aux sources remporte la reconnaissance de la profession et un certain succès commercial avec plus de 15.000 exemplaires vendus. Entre 1992 et 1993, le jeune martiniquais fait des merveilles et joue sur plus de 300 scènes européennes et caribéennes.
Toujours à cheval entre musique caribéenne et jazz, écumant inlassablement les plus grands festivals, Mario Canonge ne renie rien de ses racines et dédie avec talent et générosité tout son art à des musiques plus proches qu’on ne pourrait le croire !