Ce type d'irrigation, profondément original, donne aux oasis du Gourara leur spécificité : on ne le retrouve nulle part ailleurs au Sahara (sauf dans le Touat Adrar (région d'Algérie). La tradition veut que ce système d'irrigation soit venu de l'Iran actuel, peut-être vers le XIe siècle.
Par contre, les historiens du monde Ibadites signalent que la pratique de l'irrigation à l'aide de système des fougaras à Gourara est tellement ancienne que nul n'en sait l'origine. Les fougaras seraient probablement l'invention des Berbères zénètes judaïsés et cela bien avant le Xe siècle. Il consiste à créer des « sources » artificielles en creusant des galeries en pente très faible qui vont rejoindre la nappe. L'eau suinte le long des parois et forme un ruisseau permanent.
Ces galeries sont marquées en surface par des regards pour l'entretien et un survol de la région montre l'ampleur du réseau ainsi créé : on estime à des milliers de kilomètres l'ensemble des foggaras du Gourara et du Touat.
Le travail de creusement a évidemment été colossal et n'aurait pu se faire sans le travail de nombreux esclaves. Actuellement le problème est d'entretenir les foggaras qui peuvent s'effondrer ou s'ensabler. C'est l'enjeu de la période actuelle : saura-t-on redonner aux jardins l'eau dont ils ont besoin ?
Pour se répartir l'eau issue de la foggara, les oasiens du Gourara ont mis au point un système aussi efficace qu'esthétique : les peignes (kesria). Un spécialiste, le kiel el ma, mesure le débit qui passe entre chaque dent et refait l'opération chaque fois que la foggara est recreusée ou entretenue ou quand un propriétaire terrien achète le droit à l'eau d'un autre.
L'eau circule ensuite dans des canaux, les seguia, qui l'emmènent jusqu'au bassin, le majen, où elle s'accumule jusqu'à ce que le cultivateur irrigue ses cultures.
Le principe de construction témoigne d’un savoir manifeste et relève d’une grande maîtrise technique. Depuis la surface du sol, seul l’alignement des petits cônes de terres caractéristiques sur plusieurs kilomètres témoigne de l’existence de tels ouvrages sous nos pieds : ce sont les puits successifs d’évacuation des déblais qui jalonnent la conduite, distants de 30m environ, et servent ensuite d’accès pour l’entretien de cette dernière.