Cette étude de chercheurs d'Harvard menée sur plus de 80.000 femmes suggère que les femmes dépressives ont un risque accru d'accident vasculaire cérébral (AVC). Ce qu'elle n'élucide pas totalement, c'est si les antidépresseurs sont “responsables” de cette augmentation du risque d'AVC ou si c'est la dépression qui est traitée qui est en cause. En tous cas, les antécédents de prise d'antidépresseurs sont liés à un risque accru d'AVC de 31%. Ces conclusions qui impliquent une surveillance renforcée des femmes atteintes de dépression sont publiées dans l'édition en ligne du 11 août de la revue Stroke de l'American Heart Association.
Cette vaste étude américaine qui a suivi plus de 80.000 infirmières entre 2000 et 2006 constate que les femmes ayant des antécédents de dépression - définie par un score de symptômes à différents tests de santé mentale, ont un risque accru de 29% d'AVC pendant la période de suivi par rapport aux femmes n'ayant pas d'antécédents de dépression. Ce risque néanmoins dépend de la prise ou non d'antidépresseurs, précise l'étude, la prise de ce type de traitement étant associée à un risque accru, indépendamment des symptômes de dépression.
Les antidépresseurs sont-ils “responsables” de cette augmentation du risque d'AVC ou est-ce la dépression qui est traitée qui est en cause? Cette association observée entre la dépression, la prise d'antidépresseurs et le risque d'AVC est complexe et mérite une étude plus approfondie. Mais les auteurs précisent que le rapport bénéfice-risques d'un traitement efficace de la dépression sreste évidemment positif en regard du petit risque d'AVC supplémentaire.
Une étude menée sur 80.574 femmes à antécédents divers de dépression: Cette vaste étude de cohorte prospective qui visait à déterminer si les femmes souffrant de dépression courent un risque accru de maladie coronarienne et secondairement d'AVC, a été menée sur les données de la Nurses Health Study lancée en 1976 sur 121.700 femmes infirmières âgées de 30 à 55 ans au début de l'étude. Après exclusion des femmes qui n'avaient pas d'antécédents* de symptômes ou critères de dépression, de diagnostic de dépression ou d'utilisation d'antidépresseurs et des participantes qui avaient déjà subi un AVC, les chercheurs se sont retrouvés avec 80.574 femmes âgées de 54 à 79 ans.
Pas d'antécédents d'antidépresseurs, pas d'augmentation du risque d'AVC: Pendant les 6 années de suivi (2000-2006), 1.033 AVC ont été documentés. 538 accidents vasculaires cérébraux ischémiques, 124 hémorragiques et 371 AVC non précisés. Parmi ces 1.033 accidents vasculaires cérébraux, 648 ont été confirmés et 385 étaient probables. Après ajustement pour les autres facteurs (dont l'âge, les facteurs de risque cardio-vasculaire, socio-démographiques, le mode de vie ou d'autres maladies), les femmes ayant des antécédents de dépression* ont un risque accru de 29% d'AVC, comparativement aux femmes n'ayant pas d'antécédents de dépression (HR: 1,29 IC: 95% de 1,13 à 1,48). Les chercheurs constatent aussi que les femmes qui n'ont pas d'antécédents d'utilisation des antidépresseurs n'ont pas de risque significativement augmenté d'AVC. La prise d'antidépresseur est donc un facteur nécessaire de l'augmentation du risque. En revanche, la prise d'antidépresseurs est associée à un risque accru, de 31%, même en l'absence d'autres critères de la dépression.
Les chercheurs concluent que la dépression est associée à un risque «modérément augmenté» d'AVC, mais, ils précisent, qu'en tout état de cause, les patientes ne devraient pas cesser de prendre des médicaments antidépresseurs qui leur ont été prescrits sur la base de cette étude.
Source: Stroke AHA.111.617043 Published online before print August 11, 2011, Depression and Incident Stroke in Women (Visuel NHS, vignette American Stroke Association)
Accéder aux dernières actualités sur l'AVC, la Dépression, à l'Espace Cardio