Un livre qui renouvelle le genre des thrillers
RÉSUMÉ :
Ethan Muller, propriétaire d’une galerie d’art new-yorkaise, met la main sur une collection de dessins de visages qu’il décide d’exposer dans sa galerie. Un ancien policier, moribond et retraité, reconnait dans certains tableaux les portraits d’enfants mystérieusement disparus. Déjà en prise avec une vie personnelle compliquée et un environnement familial hostile, Ethan se laisse entrainer malgré lui par son nouvel acolyte dans une quête qui aboutira à une vérité… qu’il n’était peut-être pas prêt à affronter.
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MON AVIS : un régal
Je ne suis pas une grande amatrice de polars : les intrigues sont généralement trop convenues à mon goût et le style pas assez! Heureusement que certains auteurs du genre, dont fait partie Jesse Kellerman, réconcilient littérature et thriller.
Les visages nous offre une histoire qui n’a a priori rien d’original mais qui, sous la plume de son auteur, prend une dimension inattendue : peu de temps morts entre les déboires personnels du héros et la quête de la vérité sur l’origine des dessins. L’enquête devient presque un prétexte pour pénétrer la psychologie des personnages, le tout mené avec finesse.
Jesse Kellerman nous livre un premier roman agréable à lire, bien écrit, moderne et captivant; la fin est déroutante et a laissé certains de mes amis… sur leur faim.
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VOUS AIMEREZ SI…
… vous êtes sensible aux livres qui donnent la part belle à la psychologie des personnages et aux relations humaines complexes
… vous êtes fatigué(e) des polars avec pour super-enquêteur un policier alcoolique/drogué/malade/taré (barrer les mentions inutiles)
… vous appréciez la littérature américaine contemporaine et l’art moderne
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EXTRAITS :
1ères phrases :
Au début, je me suis mal comporté. Je ne vais pas vous mentir, alors autant jouer cartes sur table dès maintenant : si j’aimerais croire que je me suis racheté par la suite, il ne fait aucun doute que mes intentions, du moins au début, ont manqué quelque peu de noblesse.
Au passage, je me plais à penser que Jesse Kellerman égratigne un peu certains artistes contemporains. Au temps pour Jeff Koons et ses chiens gonflables…
Je tentai de replacer ce que j’avais sous les yeux dans le contexte d’autres artistes. Les seules références qui me vinrent à l’esprit sur le moment furent Robert Crumb et Jeff Koons. Mais ce dessin n’avait rien de leur kitsch et de leur ironie; il était brut, honnête, naïf et violent. Malgré mes efforts pour le faire entrer dans un moule, pour l’apprivoiser au moyen de ma rationalité, de mon expérience et de mon savoir, j’avais pourtant l’impression qu’il allait bondir de mes mains, ricocher sur les murs et se consumer en fumée, en cendres, en oubli. Il était vivant.
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VOUS APPRÉCIEREZ PEUT-ÊTRE :
Orages ordinaires, de William Boyd