Les vacances de luxe de Didier Robert

Publié le 16 août 2011 par Laurelen
Les 8ème Jeux des îles de l’Océan Indien touchent à leur fin. Les Seychelles n’ont pas accueilli uniquement les délégations de sportifs. Ainsi, Marie Andrée Faveur-Lacroix, conseillère régionale, s’y est installé du 03 août au 15 août, soit treize jours. Elle y a été rejointe du 04 août au 06 août par Yolaine Costes, vice-présidente de la Région, laquelle y retourne du 11 août au 13 août. Voilà qui la confirme dans ses fonctions de déléguée à la mobilité. Enfin, Didier Robert, s’y rend du 13 août au 15 août. Aux frais du contribuable pour tout le monde, bien sur. Une telle permanence de la représentation est la traduction d’une explosion des perspectives de coopération régionale. Forcément. Dès leur retour, nos émissaires vont convoquer une conférence de presse rendant compte de leur éprouvant travail au bénéfice de l’emploi et de la cohésion sociale à La Réunion. Eprouvant, car les conditions du labeur de l’élu ne sont pas ce que l’on peut croire vu de la médiocrité de notre petitesse. Ainsi, le créole. Car, faut-il le rappeler, aux Seychelles, c’est une langue officielle, écrite, et qui s’apprend l’école ? L’oreille régionale, formée à l’école Jacqueline Fareyrol et Joël Manglou, connait ainsi une agression quotidienne. Mais d’autres terribles épreuves guettent, comme l’illustre cette affreuse mésaventure advenue à notre Céleste Steward lors d’un précédent séjour. Récit.
Nous sommes en octobre 2010, fin du mois. Il se tient à cette période un Forum économique à l’initiative des Chambres de commerces de la Commission de l’Océan Indien (COI) aux Seychelles. Les délégations de tous les Etats membres y sont annoncées, soit la République des Comores, la République de Maurice, l’Etat malgache, la France et bien évidemment l’hôte seychellois. De plus, La Réunion va signer un accord-cadre bilatéral avec les Seychelles. Aux vues de ces évènements, la France est représentée à travers une délégation France-Réunion, composée de représentants de l’Etat via la préfecture de La Réunion, de la Région et du Département. L’organisation de telles rencontres, réunissant autour de la table des partenaires internationaux, est un exercice fin. Il répond à des règles et des codes particulièrement stricts. L’objectif est de ne pas créer de tensions inutiles susceptibles d’hypothéquer des discussions déjà suffisamment difficiles. Ainsi, il est essentiel qu’aucune partie en présence ne se sente discriminée. Sur quelque plan que ce soit : placement à la table des discussions, niveau de l’accueil protocolaire des personnalités en fonction de leur rang, placement à table dans le cadre des déjeuners, égalité de traitement dans la mise à disposition des véhicules dans le cadre des déplacements, etc. Chacun doit avoir le sentiment qu’il est traité en égal de l’autre et qu’il ne saurait y avoir ni petites, ni grandes délégations et donc ni grands, ni petits pays. Il en est aussi ainsi de l’hébergement. C’était sans compter sans la perception particulière de Didier 1er, lumière de notre peuple et phare de notre nation, qui a entendu répandre la sublime clarté de sa grandeur sur nos misérables voisins.

Ordre et beauté, luxe calme et volupté



La sensibilité du protocole étant ce que nous évoquons, il revient à l’Etat qui accueille de garantir ces aspects, en relation avec les représentations diplomatiques sur place. Nos amis seychellois ont donc organisé, en relation avec l’ambassade de France aux Seychelles, les conditions du séjour de la délégation France-Réunion. Le schéma initialement envisagé prenait en compte le site où se tiennent les rencontres, les temps de trajets, les contraintes de circulation et de voieries qui y sont liées, etc. Bref, tous ce qui permet d’optimiser une journée de travail et d’installer un esprit de cohésion entre les délégations. Mais aussi d’optimiser les fonds publics. Rien toutefois qui ne relève du bagne ! Rappelons que nous sommes aux Seychelles et que la qualité réceptive des établissements de l’archipel connait une notoriété internationale. Sauf que pour notre Robertitude, tout cela fait un peu trop populaire. Sa Grandeur, ne souhaitant pas être confondue avec ce tout venant international, a fait indiquer, par mail, à l’ambassade de France que les conditions d’hébergement prévu ne lui convenaient pas. Et comme on ne saurait faire confiance au petit personnel pour proposer des alternatives, le secrétariat particulier de Son Altesse régionale a indiqué très précisément le lieu qui serait celui de l’hébergement : le très prestigieux Fisherman Cove, situé dans l’écrin de la baie de Beauvalon, véritable fleuron du tourisme seychellois. Un lieu où tout n’est qu’ordre et beauté, luxe, calme et volupté. Mais vraiment beaucoup plus beau, beaucoup plus luxe et beaucoup plus calme que les propositions de l’ambassade. C’est dire.

Mais la diplomatie est indécrottable. Voilà que le cabinet de l’ambassadeur renvoie in petto un mail pour expliquer les contraintes qu’un tel changement pose sur le plan logistique : distance par rapport aux lieux de travail, augmentation des temps de trajets, possibilité de répercussion de ces contraintes sur les horaires même de tenue des réunions,… Sans parler de la rupture manifeste d’égalité dans le traitement entre délégations. Sans compter non plus qu’il allait falloir expliquer cela aux hôtes seychellois, lesquels, pour être à l’écoute et sensible à la diplomatie, n’en sont pas moins chez eux. Sans évoquer enfin, mais c’est une paille, la différence de traitement avec les autres membres de la délégation France-Réunion, puisque - faut-il le préciser ? - il n’était pas question pour notre Mamamouchi du Moufia de traîner avec lui la valetaille. Totalement à l’écart du reste de la délégation ! Les remarques de l’ambassade de France n’ont évidemment pas ému Sa Bling-Bling Sérénité. Quel est ce gueux de diplomate qui se permet de suggérer un traitement égalitaire ? Et pire, de parler travail ! Son secrétariat devait renvoyer promptement un refus catégorique et réitérait la ferme intention, sans ambiguïté possible, de voir Didier 1er reposer Sa Lassitude là où il l’avait décidé. Il en fut ainsi.

On ne peut que souhaiter que la leçon ait servi et que le séjour des Jeux des îles se déroule sans accrocs cette fois-ci. Le triple bras d’honneur fait à la fois au protocole et aux usages, à l’ambassade, et enfin au pays hôte, ne laisse d’ambiguïté ni sur un certain état d’esprit, ni sur les motivations à participer à de telles missions. Il n’y a pas à douter que l’ambassade a enfin compris la leçon : Notre Guide n’est pas là pour bosser, mais pour prendre du bon temps. Une fois qu’on le sait, les choses deviennent plus simples. Et Sa suprême Fainéantise peut enfin pleinement se consacrer à ce à quoi elle s’est vouée durant son mandat : Elle-Même.



Archibald Parmentier

Bon aniiversaire Didier