Allain Leprest a choisi de « se foutre à la porte de soi-même / Mourir de soi » (Pauvre Lélian), en ce milieu du mois d’août, à Antraigues-sur-Volane, chez des amis. J’ai voulu comprendre, si on peut comprendre, non pourquoi il s’est suicidé, mais pourquoi là, dans le pays de Jean Ferrat.
J’ai sorti de ma bibliothèque un recueil de poèmes de Patrick Pérez-Sécheret, L’Ardèche brûle à torrents, parce que je me souvenais qu’il s’ouvrait par une préface de Jean Ferrat et que, sur la quatrième de couverture, on pouvait lire un texte d’Allain Leprest.
Et j’ai lu ce poème de Patrick :
Le soir il rentre à quai
les quatre pieds sur terre
l’avenir au présent
une symphonie aux larmes
son passé un tilleul
la tête sur les genoux
il cherche des métaphores
dans un carré de trèfles
l’épigramme en sautoir
Le poète est un clown
la rime à l’éventaire
il clignote dans la nuit
pour caresser une ombre
d’humaine présence
Il finit par se taire
usé d’amour
la voix de courants d’air
en vidant d’un trait de plume
plusieurs vers
pour des nèfles
ou la lune
à Allain Leprest, Antraigues août 2007
Alors pourquoi là ? Une seule réponse m’est venue : par amitié.