Châteauneuf et Saint Estèphe se disputent le plat...

Par Daniel Sériot

Avec le plat principal, une palanque de porc au sureau et oignons frits au sel de chicorée, j’ai choisi de servir deux vins rouges.

Je ne les ai pas voulus issus du même millésime. Les régions viticoles sont également différentes. La sauce au sureau m’a conduit vers un vin du Médoc dans un millésime à maturité, ayant une bonne expression fruitée. L’autre vin, dans un style moderne, pour son appellation a très bien tenu son rôle, car il est encore d’une belle jeunesse, sans signe d’évolution dans sa palette aromatique. Son élevage, pour partie, en fûts de chêne s’est bien adapté au plat (sel de chicorée)

Saint Estèphe : Lafont Rochet 1995


La robe, de couleur rubis à sanguine, montre de très légers signes d’évolution au bord du disque, le nez est net, d’une bonne intensité, avec des arômes de cassis mûrs, de cerises, de résineux, d’épices douces et des notes de tabac. La bouche est sérieusement construite, avec des tannins structurants, mais enrobés, le milieu de bouche est corsé, d’une bonne puissance et fruité. La finale est persistante, soutenue, fraîche, bien soulignée par des fruits expressifs et des notés épicées. Noté 16, note plaisir 16,5

Châteauneuf du Pape : Domaine de la Mordorée : Reine des Bois 2000


La robe est profonde de couleur grenat à pourpre, l’olfaction est intense et généreuse : cerises légèrement kirschées, parfums de garrigue (dont le thym), avec des notes d’olives noires, de menthol, et de très léger élevage. La bouche est veloutée, riche dans sa construction, avec de nombreux tannins enveloppés par une chair assez serrée qui donne de la densité, et du volume au vin dans un centre plein, souligné par des fruits gourmands. La finale est très persistante, équilibrée, mise en valeur par une palette aromatique d’une bonne complexité s’exprimant sur de nets accents sudistes décelés à l’olfaction. Noté 17, même note plaisir. Un Châteauneuf moderne, très séduisant quand la température de service est ajustée.