The Man called Noon
1973
Peter Collinson
Avec: Richard Crenna, Stephen Boyd
Les colts au soleil, on le sait, ça brille, ça fait pioeww, et ça fait virevolter tout un tas de figurants latins. Ici, point d'exception à la règle, Richard Crenna décanille du tireur (mal) embusqué à la pelle, voire à la fourche ou à la hache. Bacalov singe Morricone en plutôt bien, et on ne peut pas dire que ça dessert l'histoire. Ah oui, l'histoire. L'histoire, heuu l'histoire. On va juste reprendre le pitch alors. C'est un pistolero amnésique avec la voix de l'inspecteur Harry qui cherche à comprendre qui qui lui en veut et qui y'en a vouloir trahir lui et pourquoi, et kiséki qu'a caché le trésor d'un quart de million de dollars et où. En vérité, c'est encore plus tordu, et je n'ai pas cherché à comprendre, même Jean Van Hamme n'y retrouverait pas ses petits. La mise en scène est à tiroir, c'est à dire que chaque scène est censée être un moment clé, qui se trouvera être invalidée par la scène clé suivante. Quand on a compris le truc, on étend ses jambes, on se décontracte, et on n'écoute plus trop ce qui se dit. Ajoutons à cela que chaque personnage, aux motivations doubles, voire triples se la joue profond mystère avec phrases sibyllines à double ententes (voire triples), et vous vous retrouvez vite devant un produit dont le style est si ampoulé que la jubilation qui l'accompagne vous fait passer pour un extraterrestre. Dans le même temps, le réalisateur a fait le pari idiot de ne jamais placer sa caméra à l'endroit le plus évident pour la compréhension de la scène, non, chaque plan, chaque séquence se doit d'être filmée en plongée, en contre-plongée, avec tous les accessoires imaginables en avant plan. Le mec a dû passer des heures à repérer chaque anfractuosité de rocher à travers lesquelles il pourrait filmer. Je sais, ça fatigue, mais moi j'aime bien, surtout que pour se reposer, il y a les décors, la forteresse habituelle recyclée dans tant de spagh, d'improbables mines /grottes où qu'il fait bon se faire assiéger, et surtout il y a quelques belles invraisemblances qui agrémentent l'ensemble, tel ce stupide chef des méchants qui se fait écraser par une grosse pierre qui a le bon goût non seulement de lui foncer pile poil dessus, mais qu'il a en plus le bon goût de ne pas avoir le temps d'éviter, trop occupé qu'il est à tuer ses propres hommes qui eux ont le temps de fuir ladite pierre! Avec tout ça, on n'a plus trop le temps de remarquer l'artificialité des révélations de dernière minute (surtout qu'on s'attend à ce qu'elles soient invalidées la scène suivante, mais non, le dernier coup de théâtre est le bon), ni le ridicule surjoué du duel féminin.
Bon, si vous avez un peu lu mes anciennes chroniques sur le spagh, vous savez que tous les défauts du monde ne suffisent pas à me faire passer un mauvais moment en compagnie d'un western européen. Celui-ci est plutôt de bonne facture, mais les spagh haters l'auront compris, ils peuvent passer leur chemin, bien que beaucoup de constituants de ce film soient anglo-saxons (les acteurs, le réalisateur, le roman d'origine). Les aficionados eux, aimeront, et pourront en prime repérer quelques second couteaux connus (Aldo Sambrell par exemple). Et merci ciné-classic!