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VOLTIGES (Apflickorna) de Lisa Aschan

Publié le 17 août 2011 par Celine_diane
VOLTIGES (Apflickorna) de Lisa Aschan
Si la première image qui nous est donnée d’Emma, est celle d’une jeune fille, imperturbable, en train d’éduquer son chien, ce n’est pas un hasard. Lisa Aschan nous prévient d’emblée : tout dans son Voltiges est une affaire de discipline. Marcher au pas, galber le corps, ne pas se laisser submerger, évoluer dans une dimension rigide, faite de règles, de codes de conduite, de maintien (corporel) et de contrôle (émotionnel). " Ne dévoile jamais tes sentiments. Tu n’en retireras que des blessures ", dit la grande sœur à une fillette de 7 ans troublée pour la première fois par ses émois amoureux. Au départ, une rivalité féminine : qui, d’Emma ou de Cassandra, sera sélectionnée pour le concours de voltige équestre ? Ensuite, une réflexion poussée et audacieuse sur l’agressivité de l’éveil sexuel. La petite Sara, Cassandra et Emma : ce sont la petite file, l’adolescente et la femme, plongées en plein symbolisme sexuel (les chevaux pour la masculinité, le fusil comme substitut phallique) et dont les pulsions charnelles évoluent dans l’atmosphère des non-dits, des tabous, du mal.

D’un côté, la gêne d’un amour innocent, vite dépassé par le regard (pervers ?) de l’adulte, d’un autre, la menace d’un désir lesbien, vite balayé par l’interdit. Des instincts (humains) qui viennent vite se dissoudre au contact du mur de glace érigé par Emma (protection ? longueur d’avance ? machiavélisme ?), la femme-singe du titre (en VO), parce que d’une férocité de l’ordre du primitif. In fine, pas étonnant que ce soit elle qui sorte victorieuse de l’affrontement psychologique général, non pas parce qu’elle se fout du mal qu’elle a pu faire, mais parce qu’elle ne s’est jamais abandonnée aux possibles sujets de sa perte. A côté, Cassandra et Sara se retrouvent hors-jeu, d’avoir succombé à la fureur de l’affect. Pugnacité vs ingénuité. Force vs faiblesse ? La réalisatrice suédoise pose en tout cas admirablement bien la question, dans un film (forme et fond) à l’image de ses héroïnes : cruel et sensible.

VOLTIGES (Apflickorna) de Lisa Aschan

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