Bonjour les gens,
L’autre jour, alors qu’on musardait sur le marché à la recherche de denrées tendres et drôles, un spectacle pitoyable nous a fait bondir d’indignation dedans notre for intérieur. Un marchand avait entassé quelques cagettes de framboises derrière son banc. Et vlà-t-y pas qu’un cabot miteux, à l’air sournois et à la babine flétrie, lève nonchalamment sa patte arrière et… pisse sur les fruits.
Ni vu ni connu. Pisssssss.
Une fois son forfait perpétré, l’infect roquet a continué sa route comme si rien n’était. Quasi en sifflotant.
La crapule sur pattes! Fallait-il prévenir le maraîcher? Rattraper le kleps? Appeler les keufs? Le Dr Slurp a pris son courage à deux mains et regardé ailleurs.
Voyez tout de même à quoi peut mener l’ingestion de cinq fruits et légumes par jour. A l’empoisonnement par miction canine, rien de moins. Ça fait peur. Depuis, évidemment on guigne avec méfiance les fruits qui se pavanent sur les étals. Dieu sait qui les a arrosés. Et quand en plus on tombe sur des abricots à la fois acides et durailles – pauvres choux, ils ont tant manqué de soleil cet été -, notre foi fruitière se lézarde velu.
Question. Que faire d’abricots nuls achetés par mégarde à la supérette? Hein?
Réponse 1. Les laver. Dix fois.
Réponse 2. Un carpaccio d’abricot au sérac et au thym.
Quoi tu ne sais pas ce qu’est le sérac?
Interlude pédagogique. Comme le brocciu corse ou la ricotta italienne, le sérac est un fromage de lactosérum, ou de coagulation secondaire, super maigre mais méga délicat, que l'on rencontre dans les régions alpines (d'âne). Comprenez qu'une fois sa tome pressée, le fromager, au lieu de balancer le petit-lait aux petits-cochons, le chauffe et le coagule à nouveau.
Tu captes?
Bon, pour mitonner un carpaccio (terme totalement impropre, voire résolument inadéquat) d’abricot au sérac, il faut trancher les abricots en fines lamelles. Oui, après avoir viré le noyau, banane. Les disposer joliment dessus une grande assiette plate et belle comme un top model. Coiffer le tout de dés de sérac bien frais, de thym frais. Oindre le tout d’une bonne huile d’olive fruitée. Fleur de sel, poivre au moulin. Et paf, l’entrée rigolote.
Oubliez l’histoire du chien. Elle est vraie, mais si déprimante.
Tchou!