La semaine dernière j’ai fait un aller-retour à Paris dans la journée. Au programme, visite de la ligne 1, suivie de la ligne 8. Dans le métro, un truc m’a soudain sauté aux yeux. En regardant mes pieds, j’ai eu comme qui dirait un choc. Mes doigts de pieds – ou plutôt mes orteils – (car oui, les fées ont des orteils, tandis que Michèle Bernier porte des doigts de pied, elle), mes orteils donc, étaient parés d’une couleur orange flashy. La même couleur que le vernis offert en cadeau dans le dernier Closer. J’ai aussi regardé mon pantalon, blanc bien sûr, et je n’ai pas osé aller plus loin. Je sais que j’aurais vu du bronzage, de la mèche blonde et une touche de doré quelque part, sans parler de quelques franges pour agrémenter le tout. Voilà, j’ai compris d’un coup ce qui se passait. En deux ans je m’étais cagolisée. Sans même m’en rendre compte, ah la vache ! J’m’y attendais pas à celle là !
A Marseille, la cagole est une fierté nationale au même titre que l’OM ou les navettes. La cagole peut être très jolie, mais elle s’exporte très très mal. Un peu comme un camembert bien fait, ou un GO du club med. C’est pas mal sous le soleil, mais dès qu’on passe le Rhône, ça vire au too much : too much de couleur, too much de pas naturel, too much de talons hauts, too much de machouillage de chewin-gum. Certes, certains événements auraient du me mettre la puce à l’oreille. Je faisais un détour pour aller jeter un œil sur les maillots de bain « Pain de sucre », en louchant même sur les plus rembourrés qui font des gros nénés. Je commençais à me dire qu’après tout un bracelet de cheville ça pouvait être pas mal, avec le bronzage. Je commençais à avoir les yeux qui piquaient en ouvrant mon armoire : du fuchsia, du rose, du corail, du turquoise. Je me demandais si je n’allais pas laisser pousser mes cheveux, avec un petit balayage californien en sus. Et j’étais devenue incollable sur les zones d’épilation, entre le Brésilien, l’intégral, et l’américain. Bref, la cagole qui était en moi, bien enfouie, ne l’était peut être pas tant que ça. Et je crois même qu’elle trépignait pour sortir. «Allez Valérie, aboule les mules à talons et le sac Vuitton, on va à la plage ». Je me croyais plus forte qu’elle, et c’est elle qui m’a eue. Voilà ce qui se passe quand on reste trop longtemps à Marseille. La cagole s’infiltre sans même qu’on s’en rende compte. Il faut dire qu’ici, on bronze sans rien demander. Les cheveux blondissent aussi comme par magie. Bon, le vernis à ongles orange n’apparaît pas tout seul, un beau jour, sur le bout des pieds. Oui j’avoue, c’est moi qui l’ai mis. Mais voilà, Marseille cagolise les filles. Toutes, sans exception. Un peu comme à Copa Cabana, les filles se Copa Cabanisent. Est-ce qu’on imagine une gothique au Brésil, tiens d’ailleurs ? Non, on imagine du string, de la peau bronzée, des Havaîanas, et Giselle Büdchen. Sauf que dans le sud, la référence ça serait plutôt Loana. Ce qui me sauve, c’est que l’hiver arrive. Et l’hiver sied moins à la cagole. Trop de tissus, elle a l’impression d’étouffer. Ca devrait me permettre de me ressaisir. Une petite cure de pulls à col roulé noirs et je devrais retrouver mes esprits. Et si je continue à réclamer une french pédicure, par pitié, rapatriez moi à Paris !