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Comment sortir de la crise ? Réponse à Alain Minc

Publié le 16 août 2011 par Copeau @Contrepoints

Selon Alain Minc, nous sommes face à « un coup de folie qui a trois racines : l’irrationalité des investisseurs, l’inconséquence des banques, et l’inculture des agences de notation ». Patrick de Casanove, président du Cercle Bastiat, souligne les erreurs d’une telle thèse et rappelle qui sont les vrais coupables.

Par Patrick de Casanove
Un article publié en collaboration avec l’Institut Coppet

Comment sortir de la crise ? Réponse à Alain MincOn nous a rebattu les oreilles sur la responsabilité des financiers et des banquiers dans la crise financière exonérant l’État de toute responsabilité. C’est « ce qu’on voit ». Pourtant le principal coupable c’est bien lui. Par ses réglementations, il a perverti les lois du marché, et permis des choses naturellement inconcevables sans sanction immédiate du dit marché. C’est « Ce qu’on ne voit pas ».

Les hommes politiques ont prétendu qu’il fallait sauver les banques pour éviter le drame et que seul l’État pouvait agir. Pour ce faire les États ont dépensé massivement de l’argent qu’ils n’avaient pas. Ils ont ensuite affirmé relancer leur économie par un interventionnisme délirant. C’était à celui qui dépenserait le plus un argent qu’il n’avait toujours pas. Ils ont eu recours à la dette et à la création monétaire. Personne ne les a forcés, ils en étaient fiers. Cela correspond à leur mode de fonctionnement profond : dépenser pour asseoir son pouvoir.  Grâce à ces politiques volontaristes, les politiciens ont prétendu avoir sauvé le monde. « Sauveur du monde » ça vous donne une « posture d’Homme d’État », bien utile, surtout en période électorale.

La réalité c’est que les politiciens ont eu recours à « des politiques monétaires non conventionnelles » en un mot la planche à billets, et à de la cavalerie : de la dette pour payer de la dette. Endetter des États déjà endettés pour sauver les banques, puis endetter des États moins endettés pour sauver les plus endettés. Le projet de mutualiser la dette ne résoudra rien. Ce n’est pas de la solidarité, c’est une fuite en avant. Comme les politiciens ne peuvent pas endetter les Martiens la course à abyme finira par s’arrêter.

En attendant, le résultat est la catastrophe que l’on connaît. Massivement endettés, en proie aux déficits budgétaires, certains États sont passés de l’état de faillite avérée cachée à l’état de faillite avérée évidente. Aujourd’hui le roi est nu.

La crise a simplement été masquée mais la nature reprend ses droits, le monde réel existe, même si les politiciens en sont déconnectés.

Ces derniers n’ont aucune solution à proposer malgré leurs concertations et sommets. Ils confirment qu’il ne faut pas compter sur eux pour résoudre les problèmes qu’ils créent. Leur analyse est mauvaise, les conclusions qu’ils en tirent sont erronées, leurs solutions n’en sont pas. Prenons un exemple récent :

N’en déplaise à Alain Minc [1], nous ne subissons pas « un coup de folie qui a trois racines : l’irrationalité des investisseurs, l’inconséquence des banques, et l’inculture des agences de notation ». Ce que nous vivons, c’est la réalité qui rattrape les politiciens. Les investisseurs sont rationnels, ils voient bien que la faillite est là. « Les banques ne se prêtent plus entre elles, craignant une improbable faillite ». Mais si les banques savent qu’elles peuvent faire faillite, cela veut dire qu’elles sont responsables et que personne ne les sauvera d’une mauvaise gestion. Il en résulte une forte incitation à bien gérer.

« Et il est fascinant de voir avec quelle superficialité les agences de notation jugent les pays. Pour l’Italie elles méconnaissent (…) que 30% de l’économie souterraine ne figure dans aucun compte, et elles n’intègrent pas la force de son industrie. Elles oublient surtout que les pays européens peuvent augmenter leur TVA et disposer d’un surcroît immédiat de ressources. » D’habitude l’économie souterraine est critiquée comme vivant de la fraude, alimentant la corruption, et réduisant les recettes de l’État. Les agences de notation tiennent bien compte de l’économie souterraine puisque sans économie souterraine bien des pays seraient dans une situation plus dramatique encore. Si leur situation réelle leur permet de surnager c’est que l’économie souterraine produit des fruits visibles et les agences le constatent. Si vous voulez une bonne note, faites une bonne politique. La force de l’industrie italienne aussi extraordinaire soit elle, elle ne sauvera pas l’Italie dans les circonstances actuelles. Quant à l’augmentation de la TVA, qui n’a aucune originalité, elle ne sauvera rien. Elle ne créera aucune ressource, elle détournera au profit de l’État des richesses produites par les gens et qui sortiront du circuit du marché libre et de l’économie réelle. On est toujours dans le « ce qu’on voit » on ignore « ce qu’on ne voit pas ».

Ce n’est pas « la baisse brutale des cours des matières premières si elle se maintient, (qui) va éloigner les risques inflationnistes qui pesaient sur la Chine et les pays émergents. » L’inflation n’est pas liée à la hausse des prix, mais à l’augmentation de la masse monétaire ne reposant sur aucune création de richesse.  Nous allons peut-être « à marche forcée vers la gouvernance économique européenne ». C’est le rêve des hommes de l’État mais c’est une mauvaise chose, comme le serait une gouvernance mondiale. Bien des gouvernants, depuis des décennies, ont suivi des politiques ineptes.  Heureusement certains sont parvenus à y échapper. Il existe des issues de secours. Une gouvernance mondiale fermera toute issue de secours, tuera la concurrence entre États, étouffera la liberté économique, fondera le totalitarisme.

Non l’urgence n’est pas « la coordination macroéconomique » mais la liberté microéconomique. « Les Chinois commencent à avoir peur. Bonne nouvelle ! » La peur des Chinois, si tant est qu’elle existe, n’est pas une bonne nouvelle. Dans une économie libre et prospère ce n’est pas la peur qui guide mais la confiance. La bonne nouvelle serait la confiance. Comme bien des personnes, les Chinois sont rationnels, ils ne sont plus certains d’être remboursés !  D’ailleurs, l’agence chinoise de notation Dagong GlobalCredit Rating a, depuis plusieurs semaines, bien avant Standard & Poor’s, dégradé la note des USA à AA, et celle de la France à A-.

L’exemple qui précède n’est pas isolé. Il suffit d’écouter une radio, de regarder la télévision, de lire un quotidien ou un magazine, tous sont sur le même ton. Cela montre que les seules idées des politiques et de leurs conseillers sont plus de réglementation, mondiale de préférence, et plus de taxes et d’impôts. C’est ce qu’ils appellent la rigueur. Ils veulent l’imposer aux gens, les contraindre à des sacrifices, et rester en place. En vérité, ce sont les gens qui devraient renvoyer les politiques pour les sanctionner de les avoir menés à la ruine.

Il ne sert à rien de se tourner vers l’État. L’État providence est mort. Les individus doivent ouvrir les yeux, la sécurité sociale par l’État est un leurre. Les personnes doivent désormais accepter d’assumer la responsabilité de leur vie. Chacun doit retrousser ses manches. « L’homme ne peut vivre et jouir que par une assimilation, une appropriation perpétuelle, c’est-à-dire par une perpétuelle application de ses facultés sur les choses, ou par le travail. De là la Propriété. »  Frédéric Bastiat « La Loi ». Chacun doit redécouvrir la Souveraineté individuelle et la coopération spontanée.

La seule solution est de cesser de s’endetter et de rembourser les sommes dues.

Les crises économiques ne sont pas inéluctables, la réglementation et l’interventionnisme des États en sont la cause. Frédéric Bastiat écrit dans « Harmonies économiques, À la jeunesse française » : « Tous les intérêts légitimes sont harmoniques. (…) la solution pratique du problème social : s’abstenir de les contrarier et de déplacer les intérêts. Il ne faut pas étendre artificiellement la solidarité de manière à détruire la responsabilité ; en d’autres termes, il faut respecter la liberté. » Il faut respecter la liberté économique et la Propriété privée.

Pour ne plus s’endetter, il faut diminuer les dépenses publiques donc privatiser et strictement cantonner l’État à ses fonctions régaliennes. Privatiser ce n’est pas vendre le pays, à d’odieux prédateurs. C’est mettre en œuvre une formidable puissance économique légitime. C’est le retour de la responsabilité personnelle, de la prévoyance et de l’épargne. La propriété et la responsabilité personnelle sont les meilleures armes contre la fraude.

Pour rembourser, il faut la prospérité donc la liberté économique. Il faut baisser les prélèvements obligatoires, pour que les individus aient les moyens matériels de se prendre en main, de faire des choix économiques et de destin. Ils pourront agir en particulier lors des privatisations. Même si ce ne sont pas des nationaux, ce n’est pas un problème. La mondialisation ouvre aux pays en difficultés les ressources de la planète entière, à condition de jouer la carte du libre échange. Habituellement, les étatistes déplorent l’existence d’une économie souterraine, parfois très importante, qui réduirait les recettes de l’État. « C’est ce qu’on voit ». Mais elle permet aujourd’hui au pays de survivre, parce que l’argent reste dans l’économie réelle. « C’est ce qu’on ne voit pas ». Demain, c’est une réserve de puissance pour une économie libérée. Autre réserve de puissance, les exilés fiscaux, qui fuient la spoliation légale et qui protègent leur bien de la rapacité des États. Au lieu de leur faire la traque il faut les amnistier. Il faut une fiscalité simple, faible, claire, proportionnelle à taux unique : la flat tax. Il faut le retour à la confiance, la sûreté juridique des droits de propriétés à l’abri de l’État spoliateur.

Privatisation, baisse des prélèvements, flat tax, amnistie, liberté économique, droits de propriétés sûrs et libre échange sont les clés de la sortie de crise et de la prospérité. Ce n’est que de cette façon que les particuliers, libres, répareront les dégâts des États.

[1] Le journal du dimanche 7 août 2011


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