Les Etats-Unis font tout pour maintenir leur avance technologique
A deux pas de la cessation de paiements, les Etats-Unis viennent de relever le plafond autorisé de leur dette. Entre autres économies, il est maintenant plausible que le département de la Défense soit amené ŕ réduire son train de vie dans des proportions importantes, jusqu’ŕ 800 milliards de dollars de crédits supprimés sur 10 ans. Bien entendu, l’industrie s’inquičte, des protestations s’élčvent de toutes parts, les lobbyistes se déchaînent et agitent, notamment, le spectre de licenciements importants qui fragiliseraient davantage une économie trčs mal en point.
Il ne faudrait pourtant pas en tirer des conclusions hâtives : les responsables du Pentagone sont parfaitement capables de préserver l’avenir, d’aider la nation ŕ maintenir son statut de super puissance. Et cela en consolidant son leadership technologique qu’aucun autre prétendant ne semble en mesure de lui ravir.
Cette mission est en partie celle de la Defense Advanced Research Projects Agency, DARPA, mise en place en 1958 littéralement pour éviter le risque de mauvaises surprises venues de l’étranger et qui risqueraient d’affecter la sécurité nationale. Pour ce faire, l’agence a pour mission de maintenir une avance notable dans les disciplines les plus sensibles, sans que ses priorités ne soient mises sur la place publique. Tout au plus les découvre-t-on au fil des occasions, dans la plupart des cas sans beaucoup de détails. La notion de secret Défense est, ici, ŕ son comble.
Tel est le contexte dans lequel il convient d’inscrire un événement survenu il y a quelques jours, le lancement d’un Ťvéhiculeť qui a atteint la vitesse de Mach 20. Autrement dit, s’en amuse la DARPA, une vitesse qui permettrait de faire le tour de la plančte en une heure ou encore de couvrir la distance New York-Los Angeles en 12 minutes. Ce qui ne dit pas vers quelles applications pratiques ce programme pourrait déboucher, encore qu’il rappelle indirectement l’Orient Express qui eut son heure de gloire, sur papier, pendant l’čre Reagan.
Ici, le Ťvéhiculeť, qui mériterait peut-ętre d’ętre qualifié d’avion spatial existe (la DARPA le qualifie tout simplement d’avion) et c’est son deuxičme vol qu’il vient d’effectuer. Mais, aprčs 9 minutes, il a échappé ŕ tout contrôle et s’est perdu dans l’océan Pacifique. Du temps de Khrouchtchev, les navires soviétiques seraient déjŕ sur place dans l’espoir de retrouver la précieuse épave.
Le HTV-2, telle est son appellation officielle, Falcon Hypersonic Technology Vehicle 2, doit permettre de valider des études relatives aux vitesses les plus élevées qu’il n’est pas possible de reproduire en soufflerie. Il s’agit aussi d’approfondir les connaissances en matičre d’échauffement cinétique, de leur impact sur les matériaux utilisés. Lesquels ? La DARPA ne le dit (évidemment) pas, l’un des responsables du programme, la major Chris Schulz, se contentant d’expliquer qu’il s’agit de valider les connaissances relatives au vol ŕ des Mach trčs élevés.
Le HTV-2 a été lancé par une fusée Minotaur IV de l’USAF composée de trois ou quatre étages, selon la version utilisée, propulsée par des moteurs ŕ propergols solides. Le HTV-2 aurait les dimensions d’un avion de combat, ce que ne permettent pas de vérifier les rares illustrations disponibles.
Rien n’indique qu’un dérivé opérationnel soit d’ores et déjŕ envisagé ou le soit ŕ plus ou moins longue échéance. En revanche, les officiels américains ont déjŕ fait référence ŕ plusieurs reprises ŕ un concept HWS (Hypersonic Weapon System) apparemment rebaptisé récemment HCV, Hypersonic Cruise Vehicle. L’essentiel, pour l’instant, est de faire connaître l’existence de ces études et leur validation en vol : seuls les Etats-Unis en sont capables.
Pierre Sparaco-AeroMorning
Depuis le début de l’année, EADS a gagné 13% environ en valeur boursičre. Le recul que nous avons évoqué jeudi dernier était erroné, résultat d’une lecture hâtive de l’évolution des valeurs du CAC 40 depuis janvier. Dont acte.