Les grands formats de Champagne continuent de séduire les amateurs. Décryptage de ces contenants différents à plus d'un titre. Magnum, jéroboam, balthazar, mathusalem ou encore nabuchodonosor... Ces flacons, aux noms bizarres, intriguent et impressionnent. Pour des dégustations incomparables.
Au Moulin Rouge, lors du dernier réveillon de Noël, c'est en mathusalem que la cuvée Brut Réserve de Billecart Salmon a été présentée et servie pour l'apéritif, suscitant des éclats d'étonnement et de plaisir dans les regards... Ah, la magie de l'extraordinaire… Tout comme le magnum (deux bouteilles), le jéroboam (quatre bouteilles), le balthazar (seize bouteilles) et le nabuchodonosor (vingt bouteilles), le mathusalem (huit bouteilles) compose la collection des grands flacons. Si tous doivent leur nom à un roi Perse, personne n'a encore percé le mystère de leurs origines. Si ce sont les Bordelais qui ont initié pour leurs vins le jéroboam à la fin du XVIIIème siècle, les autres formats sont apparus en Champagne à la fin du XIXème siècle. Pour quelle maison, à quelle occasion ? Le mystère reste aussi épais que le brouillard d'hiver sur la montagne de Reims... A ceci près qu'on imagine très bien un prince cosaque exiger de sabrer sa cuvée dans un flacon à sa démesure. La maison Roederer ne créa-t-elle pas sa mythique cuvée cristal dans un flacon en cristal à fond plat pour le tsar Alexandre II ? Cette fin de siècle européenne fut celle du faste, de l'exubérance et du luxe. Le Champagne bien frappé explosait, coulait à flots sur les tables des aristocrates russes comme dans les salons IIIème empire des mondaines parisiennes.
Monumentaux
Inscrits aux catalogues des maisons depuis plus d'un siècle, les imposantes bouteilles doivent à leur taille spectaculaire leur statut d'objet de prestige et d'exception. Comme certaines lithographies d'art, elles sont toujours réalisées en tirage limité. Une moyenne de 500 à 600 exemplaires par format selon les maisons. A partir du mathusalem, la plupart de ces flacons d'exception sont exclusivement réalisés sur commande, comme un bagage piqué sellier. Et tels des sculptures, ils se font admirer. Regardez-les attentivement. Du magnum au nabuchodonosor, ils ne sont jamais la réplique homothétique de la bouteille-étalon. Ils sont imposants et larges sur leurs bases, puis aux épaules, s'affinent, s'allongent et s'élancent, en cou de cygne jusqu'au col. Cette forme particulière n'est pas anodine. Elle leur permet de résister à la pression des bulles et de ne pas exploser au débouchage. Leur teinte est aussi souvent plus sombre, et leur épaisseur de verre plus fine. Ce qui exige des verriers de réaliser des moules particuliers pour leur production.
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