Indécence ! Une sénatrice se plaint de sa « situation financière »

Publié le 16 août 2011 par Frédéric Duval-Levesque

Le site Atlantico.fr publie, vendredi 22 juillet, une lettre, adressée en mai par la sénatrice membre d’Europe écologie les Verts Alima Boumediene-Thiery au ministre de l’éducation nationale, Luc Chatel, et au recteur d’académie de Paris, Patrick Gérard.

Dans cette missive, la sénatrice sollicite un rééxamen de la demande d’inscription en internat de son fils, refusée “sur critères sociaux”.

Mme Boumediene-Thiery se dit “surprise d’apprendre que l’accès aux internats du service scolaire public relèvent de critères sociaux et que chacun n’ait pas un libre accès quels que soient ses revenus” .

Un postulat qui semble étonnant pour une élue de la République, membre de la commission des lois, le manque de place en internat n’étant pas précisément une situation nouvelle. Sénatrice de Paris, où elle réside, l’élue aurait par ailleurs pu savoir que les critères de placement en internat sont également géographiques.

Mme Boumediene-Thiery fait ensuite le point sur sa situation financière, dont elle estime qu’elle a été “mal évaluée”. “Si mes revenus de sénatrice sont effectivement de l’ordre de 5 000 euros, je reverse chaque mois 1 200 euros au parti politique auquel j’appartiens”, argue-t-elle. Elle évoque également “un crédit immobilier à hauteur de 1 500 euros, frais auxquels s’ajoutent des charges fixes”. Et conclut : “In fine je dois vivre avec près de 2 000euros et ainsi subvenir aux besoins de mon fils et de ma mère, qui est entièremement à ma charge.”

La sénatrice est quelque peu approximative dans ses calculs. Un sénateur perçoit en effet une indemnité parlementaire “de base” de 5 514 euros bruts, auxquels s’ajoutent une indemnité de résidence de 165 euros, et une indemnité de fonction de 1 420 euros. L’indemnité nette est de 5 405,76 euros par mois.

Mais ce n’est pas tout.

Chaque sénateur perçoit en plus une indemnité représentative de frais de mandat (IRFM), destinée à “couvrir les frais inhérents à l’exercice des fonctions parlementaires”, mais sans nécessité de fournir de justificatif. “Cette indemnité mensuelle s’élève à 6 240,18 euros nets au 1er juillet 2011. Elle n’est pas soumise à l’impôt sur le revenu”, peut-on lire sur le site du Sénat.

Mme Boumediene-Thiery dispose donc non de 5 500 euros mensuels, comme elle l’affirme, mais bien d’un revenu de 11 645,94 euros par mois.

AVANTAGES NOMBREUX

Même en ôtant les 1 200 euros qu’elle reverse à sa formation politique et les 1 500 euros d’emprunt immobilier dont elle s’acquitte, il reste donc à la sénatrice 8 945,94 euros mensuels et non 2 000 euros. Ce qui paraît suffisant pour “subvenir aux besoins” de sa famille.

Par ailleurs, les sénateurs ne croulent pas sous les frais.

Ils disposent ainsi d’un accès gratuit et illimité à l’ensemble du réseau SNCF, en 1re classe. Ils peuvent effectuer quarante allers-retours aériens par an si leur circonscription est éloignée de Paris. En outre, frais de taxi ou de péage leur sont remboursés. Ajoutons que le Sénat dispose d’un vaste parc de véhicules avec chauffeur.

Chaque élu de la Haute Assemblée peut aussi accéder à des prêts “d’aide au logement ou pour l’acquisition d’un local à usage de bureau ou de permanence, en région parisienne ou dans leur circonscription”. Ceux-ci sont à un taux moyen de 2 %, précise le site du Sénat, soit largement moins que ce qu’offrent les banques. Ils ne cotisent pas à la sécurité sociale, mais à une caisse particulière aux sénateurs, qui fait également office de mutuelle. Ils cotisent également à leur propre régime de retraite. Toujours selon le site du Sénat, “la pension mensuelle moyenne de retraite d’un sénateur, hors majoration pour enfants, était au 1er juillet 2011 de 4 442 euros nets”.

La sénatrice termine sa lettre en évoquant la précarité de sa situation. “N’étant pas certaine d’être reconduite dans mon mandat sénatorial au mois de septembre, je risque de me retrouver sans revenus”, explique-t-elle.

Qu’elle se rassure : tout sénateur non réélu peut prétendre à une allocation d’aide au retour à l’emploi, versée de manière dégressive durant six semestres, donc trois ans. Si elle n’est pas réélue, Mme Bouemediene-Thiery ne sera donc pas “sans revenus”.

Sources: lemonde.fr, Atlantico.fr