Un espace si petit qu’il n’accueille qu’un spectateur à la fois : il entre dans un cabaret pour cinq minutes, un coup à boire, un peu de danse, et voilà. Mais le spectacle auquel il vient d’assister se joue dans un drôle de véhicule, un landau transformé, et les personnages sont d’étranges marionnettes. La famille Tuvora, c’est mortel !
Quand j’ai rencontré la Compagnie Vox International dans les rues de Chalon, je l’avoue, ça ne m’a pas donné envie d’aller les voir. Eh bien j’aurais eu tort. Le hasard m’a fait passer près du lieu où se jouait leur Kabaravan (photo Patricio Pardo), sorte de comédie musicale où la langue parlée est inventée tandis que les chansons, airs connus, sont dans leur langue d’origine. Une histoire de rencontre, au hasard des chemins justement : un américain et une famille qui semble chercher un pays où vivre heureux… La pluie qui tombait dru sur le spectacle n’a pas réussi à l’interrompre.
Les frères Kazamaroffs ont posé leur yourte dans le Square des Anciens Combattants d’Extrême-Orient. Leur yourte et leur ménagerie d’objets dressés. Car chez les Kazamaroffs, on ne dresse pas les animaux, on a trop de respect pour ce qui est vivant ; on s’occupe des objets, de ceux qui se rebiffent parfois, qui regimbent, des aiguilles du temps, des chaussures, des balles, des samovars. Dressage qui exige précision et patience. Il y a même un petit film d’animation où ils racontent ce qui est arrivé à Léopold, dresseur de fil barbelé. Attention ! les objets prennent parfois des libertés… Enfin, c’est l’heure du thé, car, chez les Kazamaroffs, on a plaisir à partager la boisson et les rêves. Pour nous, spectateurs du vendredi, la pluie a tout embrouillé et nous avons commencé dans le désordre, mais qu’à cela ne tienne ! les moments de Gabalka nous ont ravis.
Une image nocturne de ce même vendredi : L’effet sphère, des Quidams. On se laisse porter par la féerie, par le conte qui se joue, voiles et flammes, faunes, personnages portés sur les épaules d’étranges titans, frères d’Atlas. Les sphères blanches manifestent de l’impatience. Ce qui vient, ce qui naît sous nos yeux, c’est la Terre, qui prend sa place dans la galaxie.