Le 25 juillet dernier Régine Detambel donnait lecture du début de son dernier livre et répondait à quelques questions dans l'émission de France-Culture "Les bonnes feuilles". On peut encore l'entendre ici et c'est très agréable. D'abord parce qu'elle a une jolie voix et puis parce ce qu'elle livre minutieusement des bribes, de petits éléments de la fabrication d'un livre, celui-là en tous cas et ce n'est pas un hasard.
Si on ne l'entend pas, ce début: voici: une nuit d'été un groupe d'hommes immigrés qui travaillent à faire une route aux abords d'une ville sous une pluie d'étoiles filantes qui les étonne et les effraye voient soudain apparaître une biche, puis son faon et, quelques temps, après une voiture qui s'écrase sur un poteau et s'enflamme. Chacun d'eux pourrait être le héros du roman et pourtant non nous ne les verrons plus, mais les sentiments qu'ils ont éprouvé durant la nuit ne nous quitteront pas.
L'héroïne c'est la femme qui s'est écrasée, Alice, un nom doux et lisse comme un conte pour un corps fracassé mais pas mort qu'il va s'agir de reconstruire dès la fin du coma. Et pas seulement le corps. Dans le coma et le long de sa lente sortie se fait jour un esprit fragmenté tout autant que le corps qui l'abrite, morcelé, plein de vides et de gouffres hérité d'autres vides jamais compris, jamais comblés. Une reconstruction n'ira pas sans l'autre, Régine Detambel avec la science du corps et du psychisme que l'on lui connait mène les deux pas à pas, lucidement, à terme. Et le terme de l'histoire est un feu, comme l'avait été le début.
Son corps extrême est chez les libraires depuis quelques jours, il est paru chez Actes Sud.