Pulp a continuellement évolué au fil des années, entre 1978 et 2002 donc, année non officielle de fin d’activité du groupe, aussi bien en studio que sur scène. Évidemment, 2011 se voit être une grande année, dix ans après un au revoir qui n’en était initialement pas un mais l’est devenu par la force des choses. Officiellement, jamais aucun des membres n’aura annoncé la fin de leur carrière après les derniers concerts de 2002. Cependant, ils entrèrent pour certain dans de nouveaux projets, notamment Jarvis Cocker, le chanteur et leader ô combien charismatique, qui a sorti deux albums en solo, en 2006 et 2009 (il est le seul à avoir toujours fait partie du groupe !).
Le parcours de Pulp n’est pas atypique, mais il aura fallu attendre plus d’une décennie pour voir le talent de ces musiciens enfin reconnu. Et le succès arriva petit à petit. D’abord, un single les fit être remarqués : « My legendary girlfriend », sur Separations. Ensuite, ce fut tout un album qui les lança au devant de la scène britannique : His’N’Hers et le phénomène dû notamment à « Do you remember the first time ». Après, le phénomène devint international, avec l’éblouissant Different Class et son hymne monstrueusement populaire « Common people », puis le ténébreux mais tout aussi classieux This Is Hardcore.
Nous voici donc au tout début des années 2000. La sortie de We Love Life sera post-11 septembre, et le titre de l’album y fait directement référence, de même que la chanson quasi-éponyme « I love life ».
De toute façon, presque tout l’album semble célébrer la vie. Un véritable revirement par rapport à This Is Hardcore dont l’opposition sémantique des titres est évidente.
Musicalement, il est étonnant de voir à quel point Pulp ne faiblit plus depuis His’N’Hers ; en somme, le groupe de Jarvis Cocker aura su enchaîner quatre disques énormes, avec des succès commerciaux certes variés mais pourtant, dans l’ensemble, le statut emblématique gagné est tellement mérité. Pulp est peut-être tout simplement LE groupe anglais des années 90. Peut-être, sans aucun doute.
D’un autre côté, les paroles, elles non plus, n’ont rien perdu de leur mordant ou de leur impact littéraire. Jarvis Cocker possédait, et possède toujours, l’une des plus belles plumes de la musique de ces, disons, vingt dernières années.
Je ne vais pas m’arrêter sur les onze titres, ni même sur mes préférés, c’est à vous de les apprécier à leur juste valeur. Parmi les grands titres, je citerai tout de même : le très originale « Weeds » et sa suite « Weeds II (the origin of species) », l’orageux et romanesque « Wickerman » ou encore les deux très bons singles « The trees » et « Bad cover version » (le dernier du groupe, au clip génial !).
Ils ont eu la bonne idée de se reformer cette année, quasi exclusivement pour des festivals, initiant à Toulouse une tournée extraordinaire de 22 dates annoncées, avec un retour à Londres en juin. Pour l’instant, nous sommes en Europe et en Australie les seuls à avoir la possible chance de les voir réunis sur scène. À défaut, il nous reste une discographie énorme, qui se conclut de manière parfaite. À la fois dans la joie et la tristesse.
(in heepro.wordpress.com, le 16/08/2011)
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Voir aussi : Intro, The Gift Recordings - His’N’Hers – The Peel Sessions – Jarvis – Further Complications