Ah! Les comédies “de filles”…
Elles reviennent régulièrement sur les écrans, avec leur cortège de rêves sucrés (un brin malmenés), de romantisme à l’eau de rose (raillé et glorifié en même temps), d’amitiés inaltérables (ou presque), de jalousies, de crêpages de chignons (dantesques), et de longs bavardages sur tout et rien – le travail, la santé, les mecs…
Quand elles sont réussies, elles sont pleines de fantaisie, d’humour subtil et de charme, pour le bonheur des spectatrices, mais aussi des spectateurs…
Ah! Les comédies produites par Judd Apatow…
Elles reviennent assez régulièrement sur les écrans, avec leur humour décapant et un brin “trash”, qui n’hésite pas à bousculer les conventions, la bienséance et l’ordre moral à coups de langage fleuri, de gags graveleux et de situations scabreuses…
Quand elles sont réussies – c’est à dire souvent – elles s’avèrent assez irrésistibles, pleines de bonnes tranches de rigolade régressive et non-dénuées d’une pointe de sensibilité qui permet de s’attacher aux personnages et de compatir à leurs malheurs.
La combinaison des deux était alléchante, mais aussi sacrément périlleuse, car il fallait absolument trouver le bon équilibre entre ces deux styles apparemment antinomiques, sans décevoir les amateurs de l’un ou de l’autre…
A l’arrivée, force est de constater que le film de Paul Feig, Mes meilleures amies – quel titre français idiot - parvient à réaliser cet audacieux amalgame.
Une réussite que l’on doit essentiellement au brio comique de la ravissante Kristen Wiig, qui officie ici en tant qu’auteure du scénario, coproductrice et actrice principale. Rien que ça…
L’actrice, repérée via le “Saturday night live”, a joué avec talent les seconds rôles dans bon nombre de productions Apatow et, peut-être lassée d’attendre qu’un premier rôle se libère enfin pour elle, s’est écrit un rôle sur mesure, irrésistible de drôlerie.
Elle incarne donc Annie, une trentenaire célibataire qui cumule les ennuis en tout genre.
Elle n’a pas de petit copain, le dernier en date l’ayant plaquée au moment où le commerce qu’elle tenait – une pâtisserie artisanale – a fait faillite à cause de la crise économique.
Elle n’a pas de boulot non plus, donc. Enfin, si, mais à peine… Elle passe le temps comme vendeuse dans une bijouterie où son cynisme et sa vision négative du monde font fuir les clients…
Ca l’occupe…
Côté sentimental, elle s’empêtre dans des plans cul sans avenir avec des goujats de premier ordre, qui l’ignorent dès l’acte effectué.
Enfin, comme elle est quasi-fauchée et qu’elle refuse de loger chez sa mère pour ne pas avoir à subir ses jérémiades sur un divorce prononcé douze ans auparavant, elle est contrainte de vivre en colocation avec deux tarés obèses, un frère et une soeur qui empiètent constamment sur son intimité…
Bref, la loose…
Son seul rayon de soleil, c’est Lillian (Maya Rudolph), son amie d’enfance – sa seule amie…
Aussi, quand celle-ci lui annonce qu’elle va se marier et lui demande d’être sa demoiselle d’honneur, Annie est honorée et très excitée à l’idée de préparer ce mariage et les fastes de l’enterrement de vie de jeune fille.
Mais dès les fiançailles, Annie se heurte à la très snob Helen (Rose Byrne), autoproclamée meilleure amie de la future mariée, qu’elle ne connaît que depuis quelques mois et bien décidée à devenir sa demoiselle d’honneur préférée.
Elle doit aussi composer avec les désidératas plus ou moins farfelus des autres témoins de Lillian : Megan (Melissa McCarthy), la soeur du fiancé, sorte de bulldozer en jupons, Becca (Ellie Kemper), l’amie candide (pour ne pas dire niaise) et Rita (Wendi McLendon-Covey), la femme au foyer blasée bien décider à profiter de l’occasion pour raviver sa libido…
Déjà obligée de gérer ses propres problèmes – notamment les sentiments que semble lui porter un gentil officier de police – Annie se retrouve aussi sous pression pour l’organisation du mariage.
Et du coup, évidemment, chaque étape se transforme en catastrophe, à son plus grand désarroi… et pour le plus grand plaisir du spectateur, qui s’amusera des péripéties subies par ces équivalents féminins des quatre zozos de Very bad trip.
(Oui, il ne fait pas bon se marier aux Etats-Unis…)
Le sommet trash de ces mésaventures prénuptiales est une séance d’essayage de robes mémorable dans une boutique très huppée et guindée, un peu “prout-prout” comme on dit… Ayant mangé des choses pas très fraîches dans une infâme gargote brésilienne dénichée par Annie, juste avant cet essayage, les filles se mettent à suer à grosses gouttes, virent peu à peu au vert kaki, et n’y tenant plus, réservent un sort peu ragoûtant aux toilettes du très chic magasin. “Prout-prout”, c’est bien le mot…
Les amateurs de raffinement et de délicatesse peuvent passer leur chemin en se pinçant le nez… Mais ceux qui n’ont rien contre un peu d’humour régressif se bidonneront sans doute devant l’outrance de ce délire scatologique.
Cela dit, il serait injuste de ne réduire le film qu’à une succession de gags de mauvais goût.
Le film joue sur plusieurs registres, de la comédie romantique charmante à la chronique de moeurs, repose sur plusieurs types d’humour – duels verbaux, gags loufoques, variations subversives autour des clichés du genre… – et tient surtout sur les performances des actrices, irrésistibles, chacune dans leur rôle.
Wendi McLendon-Covey et Ellie Kemper sont un peu sacrifiées, mais elles arrivent néanmoins à faire exister leurs personnages face aux furies que sont Kristen Wiig, excellente en simili Bridget Jones, la dignité british en moins, et Melissa McCarthy, parfait alter-ego d’un Zach Galifianakis.
Rose Byrne joue les pimbêches avec classe, très pince sans rire et Maya Rudolph incarne avec le talent qu’on lui connaît cette mariée soumise aux pires épreuves par la faute de ses envahissantes copines…
Si on devait chercher des défauts à Mes meilleures amies, ce seraient plutôt – outre ce tire français débile, donc – quelques baisses de rythme inhérentes à sa durée (près de 2h) et une mise en scène manquant un peu de relief.
Mais ceci ne gâche nullement le plaisir de cette comédie décomplexée, parfaite pour remuscler vos zygomatiques avant la rentrée…
_______________________________________________________________________________________________________________________________________
Mes meilleures amies
Bridesmaids
Réalisateur : Paul Feig
Avec : Kristen Wiig, Rose Byrne, Maya Rudolph, Melissa McCarthy, Wendi McLendon-Covey, Ellie Kemper, Chris O’Dowd
Origine : Etats-Unis
Genre : comédie de filles remixée trash
Durée : 2h05
Date de sortie France : 10/08/2011
Note pour ce film : ●●●●○○
contrepoint critique chez : Studio Ciné-live