Ecclesiastes 1.11 : "On ne se souvient pas de ce qui est ancien ; et ce qui arrivera dans la suite ne laissera pas de souvenir chez ceux qui vivront plus tard". Rien ne peut mieux illustrer le groupe portugais Wraygunn que cet extrait biblique qu’ils ont choisi pour nommer leur troisième album. Parce que franchement, qui aujourd’hui se souvient encore de Paulo Furtado et sa bande ? Certes en 2005 cet album sorti de nulle part avait fait un peu de bruit, notamment grâce à des reprises publicitaires et un passage à Taratata, mais depuis, à part un maigre Shangri-la en 2007, plus rien. Pourtant en 2005, s’il y avait un album rock inventif de bout en bout, c’était bien celui-là.
Wraygunn c’est quoi ? C’est un groupe portugais venu de Coimbra, de six ou sept musiciens, emmenés par le duo Paulo Furtado (également connu en tant que The Legendary Tiger Man) et la belle Raquel Ralha qui contribue notamment à faire baisser la tension de temps en temps. Parce que de manière générale, Ecclesiastes 1.11 envoie la purée. "Juice" notamment, est un titre musclé ou guitares et batterie s’en donnent à cœur joie. Tout comme "Drunk or stoned", redoutable d’efficacité grâce à son sample d’opéra, son énergie galopante et ses guitares américanisantes.
L’autre particularité de Wraygunn, c’est de s’inspirer de la culture noire américaine, le gospel essentiellement, pour donner à son rock cette idée de célébration et de communion sans sonner cul béni pour un sous. C’est particulièrement marquant sur des titres à la bonne humeur marquée comme "Keep on prayin" ou le génial et introductif "Soul city", avec orgue, chœurs, scratchs, riffs et discours de Martin Luther King en sus. C’est dansant, imprévisible et surtout incroyablement joyeux.
Inutile de tous vous les citer, mais pas un seul morceau ne jure sur ce disque. Du premier au douzième coup de minuit, c’est excellent de bout en bout. Il y a autant de Rolling Stones que de Blues Explosion, autant de Jack White que de John Spencer. Les arrangements et la production sont exemplaires, jusqu’au solo d’harmonica du "All night long" qui clôt le disque, que l’on relance aussitôt.
En bref : des portugais qui se prennent pour des américains et qui écrasent tout sur leur passage dans un foutoir rock’n’roll gospel décapant à la bonne humeur contagieuse.
Le Myspace
"Soul city" :