Mon amour

Mon amour me vire à l’envers et me vire à l’endroit. Il me pousse à bout, m’exaspère et me comble de joie. Il prend plus de formes que l’on peut en imaginer. Aussi imprévisible que la météo, il est de mon cœur le maestro.

De sa baguette, il accorde mon pouls au rythme des nuages et des éclaircies.

Mon amour me fait perdre la notion du temps. Il éveille mes sens. Amplifie les odeurs. Avive les couleurs. Ajoute un exposant à mes heures. Il raccourcit mes nuits. Me distrait du travail. Transforme mon sérieux en jeux buissonniers.

Et je l’aime quand même.

Mon amour découvre avec moi les pics et les creux de la vie à deux. Partage nos jours maigres, nos jours gras. Me rend parent. Saisit mes angoisses. Il goûte à mon buffet émotionnel. Expose mes travers. Me teste les gonds.

Et il m’aime quand même.

Mon amour me bave dessus. Ne fait pas ses nuits. Perce des dents. Dit papa et maman. M’inquiète à l’excès. Me fait pleurer de fierté. Étire l’élastique de ma patience. Il m’enseigne la vraie nature du détachement. Est un adulte maintenant.

Et je l’aime quand même.

Mon amour a perdu l’attrait du début. Un autre me donne des frissons. Il comprend. Tourne sereinement la page. Veille aux racines d’une nouvelle relation. Il sait que le lien qui nous unit est aujourd’hui tissé d’inconditionnel.

Et il m’aime quand même.

Mon amour me donne la vie. Et la mort en contrepartie. Il me parle de péché et de pardon. Me vend une croisière dont personne n’est revenu. Encore moins avec des photos. Il fonde tout sur la foi. Voile de mystère son côté lumineux.

Et je l’aime quand même.

Mon amour cache mes secrets dans sa peluche. Jappe ses peurs. Adore les promenades. A le don d’attirer les caresses. Ronronne de bonheur. S’étire les ailes. Fait le beau garçon. Il endure mes humeurs. Tolère mes absences.

Et il m’aime quand même.

Mon amour paraît bien stérile au printemps. Pourtant, à l’été, il s’épanouit. Fleurit. Embaume le moindre coin fertile. Dès l’automne, il jaunit. Rougit. Flétrit. Il s’emporte avec le vent. Puis déserte, à l’hiver, mon champ de vision.

Et je l’aime quand même.

Mon amour prend plus de formes que l’on peut en imaginer. Aussi imprévisible que la météo, il est de mon cœur le maestro.

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