Codex Merlin, l'intégrale - Robert Holdstock

Par Ptitetrolle


  • Le synopsis :

Des siècles avant sa rencontre avec Arthur, Merlin voyage à travers le monde, immortel et éternellement jeune, à la recherche du savoir. Il se lie d'amitié avec le héros grec Jason et l'accompagne dans sa quête de la Toison d'or. Une décision qui lui coûtera cher... Quelques centaines d'années plus tard, Merlin entend parler d'un navire perdu dans un lac gelé du Nord et d'où jaillit une longue plainte. Il découvre qu'il s'agit de l'Argo, le vaisseau de Jason, où gît l'âme du héros pleurant ses fils volés par l'enchanteresse Médée, éprise de Merlin dans sa prime jeunesse. Merlin s'engage alors dans une autre quête : retrouver les fils de Jason, projetés dans le futur par leur mère, Médée.

En mélangeant avec bonheur les mythologies grecques et celtes au récit épique de Merlin et sa quête à travers le temps, Robert Holdstock touche, au-delà des limites de la Fantasy, aux grands mythes universels.

  • Mes impressions :

C’est assez difficile pour moi de chroniquer ce livre et j’avoue avoir un peu traîné à le faire... Pourquoi ça ? Tout simplement parce que je n’ai pas réussi à terminer le livre malgré tous mes efforts : j’ai fait une pause, puis repris, puis refait une pause, sans réussir cette fois à reprendre la lecture. Et pourtant, il y a de bonnes choses dans cette intégrale ! C’est un livre complexe pour lequel je ne peux me résigner à mettre une mauvaise note, et en même temps je ne peux pas non plus lui mettre une bonne note, puisqu’il n’a pas su me captiver assez pour que j’ai envie de le terminer. Je lui met donc une note moyen + (c’est-à-dire un 3/5). Passons maintenant au pourquoi du comment :

D’abord, il faut souligner la qualité de l’édition : malgré un nombre conséquent de pages dans cette intégrale (plus de 1000), le livre reste d’une taille raisonnable grâce à des pages très fines et une écriture assez petite mais qui reste lisible et agréable pour l’œil. La contrepartie, c’est le poids non négligeable du bouquin : impossible de l’emmener dans votre sac à main avec autant de kilos de papier !

Pour ce qui est de l’histoire, j’avoue avoir eu beaucoup de mal à entrer dans le roman pendant les 100 premières pages : l’univers est complexe et très fouillé, les descriptions sont minutieuses et fourmillent de détails aussi bien visuels qu’historiques. On se perd très vite sous la masse d’informations : les noms des protagonistes (très nombreux de surcroit), les lieux, les événements du passé et ceux du présent, la personnalité des figures principales du récit, etc. Beaucoup d’information à la fois donc, et je dirai même beaucoup trop pour un début de roman : on met un certain temps à d’habituer à cet univers et à s’y sentir assez à l’aise pour tenter de saisir ce qui se passe.

Cette impression ne m’a pas quittée durant toute ma lecture : ce n’est pas que les descriptions soient ennuyeuses et longues. Simplement, il y en a beaucoup à chaque scène, c’est souvent trop précis, on s’emmêle les pinceaux entre les régions (une carte et un glossaire plus développé auraient été le bienvenue), les noms des personnages (qui en plus changent parfois sans qu’on soit prévenus !), les différentes coutumes, etc. Je me demande si cette profusion d’informations et de détails n’est pas liée à la volonté de l’auteur de raconter son histoire comme des faits historiques.

Après ce début laborieux, l’histoire semble prendre un tournant : la quête de nos héros commence et on en arrive enfin au point où s’arrête la quatrième de couverture. Malheureusement, l’action n’est pas au rendez-vous, et j’ai eu l’impression d’alterner entre des passages intéressants (principalement ceux sur Merlin et sur sa quête personnelle) et passages plus ennuyeux. Sachant que la partie intéressante avait tendance à être trois fois plus réduite que le reste.

Mais j’ai continué parce que j’étais curieuse, notamment à propos de Merlin et du Chemin circulaire autour du monde qu’il doit parcourir. Ce qui est vraiment intéressant, c’est qu’on découvre un Merlin bien loin de l’image qu’on s’en fait après avoir lu Les Chevaliers de la Table Ronde ou d’autres récits arthuriens, ou même après avoir vu le dessin animé de Walt Disney. Ici, on se situe bien avant Arthur, et même si celui-ci est évoqué dans le livre, l’histoire se déroule dans une époque largement antérieure à sa légende. Avant de lire Codex Merlin, j’imaginais notre célèbre enchanteur un peu comme un vieux barbu sage à la manière de Gandalf dans Le Seigneur des Anneaux. Robert Holdstock nous le décrit pourtant de manière très différente : dans le Codex, si Merlin a déjà plusieurs milliers d’années, il a l’apparence d’un jeune homme, et il est loin d’avoir un caractère sage et avisé. En fait, je n’ai pas réussi à l’apprécier car sous son grand âge se cache un homme qui se comporte comme un enfant et de manière assez égoïste : il use au minimum de sa magie par peur de vieillir, et il ne l’utilise que lorsqu’il y a un intérêt, rarement juste par bonté afin d’aider ses amis, qui pourtant comptent sur lui.

Mais surtout, sa manière de décrire les événements et ses sentiments est assez froide. J’ai eu la sensation qu’il était toujours distant, en dehors de la scène qui se déroulait sous ses yeux. En même temps, c’est ce qu’on pourrait attendre d’un homme hors du temps : il ne se sent pas entièrement inclus dans ce monde de mortels je pense. On pourrait presque penser que l’auteur a voulu nous faire réfléchir sur l’immortalité : Merlin ne sait pas plus que nous quelle est sa place dans le monde et quel est le but de sa vie. Il ne semble pas beaucoup plus sage qu’un autre, même après des milliers d’années de vie. J’ai donc trouvé ce personnage très mystérieux et j’aurais aimé en savoir plus sur lui, sur sa quête, sur son passé. Alors bien sûr, on en apprend un peu, mais à chaque fois j’avais un sentiment de frustration à avoir si peu d’informations à son sujet.

J’ai arrêté ma lecture un peu avant la fin du deuxième tome de la trilogie, et ceci peut expliquer cela. En fait je pense que chaque tome doit être lu séparément, il faut se laisser le temps de digérer l’histoire avant de la reprendre. Et c’est ce qui m’a posé problème et m’a empêcher de le terminer.

Au final, j'ai un peu la même impression avec Codex Merlin qu'avec la Forêt des Mythagos : il y a des éléments intéressants, on voit que c'est recherché, etc. mais je n'ai pas réussi à entrer pleinement dans l'histoire. Le rythme est trop lent, les révélations se font rares, et le récit colle trop à la personnalité de Merlin, qui est finalement un personnage passif plutôt qu’un homme d’action.

  • Ce qu’il faut retenir :

C’est sans nul doute un récit mystérieux et complexe que le Codex Merlin : une histoire à lire lentement, dans laquelle de longues pauses sont nécessaires pour bien digérer toutes les informations données par l’auteur. Ce temps m’a fait défaut, et c’est pourquoi je n’ai pas terminé le livre. Je reconnais cependant ses qualités : malgré une écriture un peu lourde parce que trop détaillée et manquant d’action, le récit est original (mêler mythologie celtique et grecque, c’est assez inhabituel), les personnages sont fouillés et mystérieux. Merlin est très réussi et même si on ne parvient pas à l’aimer, on est très intrigué par son histoire et par sa personnalité, bien loin de l’image qu’on peut s’en faire au travers des récits arthuriens.

Un roman plein de qualités mais que je n’ai pas réussi à réellement apprécier à cause de la lenteur du rythme et du manque d’action. Je déplore également un trop grand nombre d’informations sous lesquelles on a tendance à se noyer : un glossaire détaillé ainsi qu’une liste des personnages accompagnée d’une brève description auraient facilité la lecture.

A lire si vous voulez découvrir Merlin autrement, et si vous aimez le genre historique. A éviter si vous cherchez un récit épique et plein d’action.

Un grand merci aux Éditions Le Pré Aux Clercs pour cette belle intégrale, ainsi qu'à la Team Livraddict.

  • Ma Note : 3/5