Hello, les batraciens
Nul ne sait à quoi songe le crapaud immobile au bord de l’étang. A rien? Aux primaires du PS? A la greluche qui viendra le smacker pour le transformer en prince gommeux? A la blanche colombe qu’il pourrait (malgré la rumeur) aisément atteindre d’un jet de bave?
Impossible de percer la méditation du crapaud immobile.
Une chose de sûre, il est superbe. Ses quatre petits membres solidement rivés au caillou immergé, la paupière paresseuse et le museau barré d’un sourire placide, il a une classe aussi infinie qu’amphibie.
La flamboyante posture du crapaud immobile, on s’en est d’ailleurs inspiré pour désigner une technique vintage consistant à écrabouiller divers volatiles en vue de les faire griller. Ben oui: c’est la crapaudine. Et c’est aussi là où nous voulions en venir. Car voilà justement des cailles en crapaudine à la mode cajun. Un truc fastoche et slurp pour le barbecue du dimanche, qui n’exige qu’un tour de main que l’on va te décrire avec notre verve légendaire.
The marinade. Pour quatre cailles, touillez le jus de deux limes, un petit piment rouge haché, un oignon frais émincé, deux gousses d’ail écrasées, quatre brins de thym, deux brins de romarin, une pincée de cumin, une pincée d’origan, une pincée de poivre noir, une cuillère de cassonade et deux cuillères à soupe d’huile d’olive. Immergez les bestioles là-dedans quelques heures, au frais.
The crapaudinage. Posez la caille sur le plan de travail, dos contre la planche, pattes en l’air. Glisser un long couteau le long de la carcasse. Appuyez sur la lame. Et clac, fendez la bestiole en deux (ce qui est assez satisfaisant, somme toute). Il s’agit ensuite d’ôter un petit os triangulaire, le bréchet, en le dégageant délicatement des chairs avec un petit couteau pointu (poil au tutu).
The final. Mangez avec les doigts et quelques amis chers, trois légumes en papillotes confits sur le barbecue et cinq bouteilles de la somptueuse cuvée Véjade 2010 du Domaine de l’Anglore, Tavel, Gard, France d’en bas un peu à droite.