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Tout sur ma mère. Mère-absente, mère adoptive, mère défunte ou mère spirituelle, toutes s’y croisent dans le troisième long métrage de Thierry Klifa (après Une vie à t’attendre et Le Héros de la famille), ex-critique chez Studio. Du cinéma d’Almodovar, il emprunte l’actrice Marisa Paredes, les chassés croisés des personnages, les blessures enfouies des âmes. Chez Klifa, il y a toujours cette fascination pour l’actrice et le personnage public, comme en témoigne les occupations de ses héroïnes : l’une est danseuse étoile (Géraldine Pailhas), l’autre présentatrice du 20 heures (Catherine Deneuve). Le réalisateur, lui, serait plutôt à chercher du côté de Matthieu (Nicolas Duvauchelle), journaliste prêt à tout pour finir sa biographie non-autorisée sur le clan, quitte à briser des cœurs et s’infiltrer au cœur de leur intimité. Au milieu : Bruno (Jean-Baptiste Lafarge, dont on espère réentendre parler !), le fils abandonné, le petit gars breton, élevé par un couple lambda (sublimes Marina Foïs et Jean-Marc Barr), personnage émouvant qui vient offrir un beau contre-point à l’agitation parisienne et contrecarrer par là même une peinture de protagonistes, dont l’angle de vue adopté aurait pu être taxé d’élitiste (normal on est chez Thompson, co-scénariste).
Les Yeux de sa mère, réussit pourtant à exister au-delà de son casting de stars, parce qu’il dévoile une partition sobre et pleine de retenue. Bercé par la musique de Gustavo Santaolalla, l’ensemble parvient à mêler rigueur de la mise en scène et complexité des émotions en jeux. En jouant sur plusieurs tableaux (thriller œdipien et drame familial notamment), le film offre une réflexion maîtrisée autour de la quête identitaire, la construction impossible du soi sans repère maternel, les ambigüités humaines, les obsessions communes. C’est un film choral d’envergure, ni trop alambiqué, ni trop simple, éminemment bien mené par un suspense qui n’a jamais rien d’obscène. Klifa, avec beaucoup de simplicité, et, un regard tendre porté sur la figure maternelle, offre à ces personnalités notoires un visage plein d’humanité. Chacun étant in fine libres de rayer les erreurs du passé, pour mieux écrire l’avenir. Pas étonnant dès lors que le premier roman écrit par celui qui apprendra tout cela à ses dépends, s’intitule Palimpseste.
Sortie DVD: 17 août 2011.