C’est l’histoire d’un taulard qui s’évade de prison pour sauver sa femme et sa fille des griffes de son pédophile de co-détenu. C’est l’histoire d’une femme-flic, dans un milieu d’hommes, lancée à sa poursuite. C’est clair : 2010 et 2011 signent le renouveau du polar en France. Eric Valette, très imprégné par la culture américaine (il suffit de voir son Affaire d’Etat pour s’en convaincre), se jette lui aussi à l’eau, avec La Proie, thriller d’une efficacité redoutable, dopé par les codes de la vieille école US, du Fugitif de Davis, en passant par la vague de films de serial killer (Le Masque de l’araignée, Instincts meurtriers, Bone collector, etc.). Certes, son histoire, bourrée de clichés, on l’a déjà vue mille fois ailleurs. Pourtant, l’intérêt que procure le film ne faiblit jamais, tant le rythme demeure haletant, et les acteurs gonflés à bloc.
Car, l’atout choc du long-métrage de Valette, c’est sans conteste Albert Dupontel, monstre d’énergie pure et dure, véritable carburant du film. Infatigable, ardent, acharné- à l’instar du père qu’il incarne- sa prestation offre un souffle pulsionnel à l’ensemble. C’est un anti-héros plutôt moderne, qui prend ses distances avec le manichéisme habituel. D’ailleurs, si La Proie mérite avant tout le détour, c’est pour ses acteurs : du couple terrifiant (parce que banal) que forment Stéphane Debac et Natacha Régnier, aux performances d’Alice Taglioni et Sergi Lopez, tous réussissent à dépasser le prosaïsme initial de leurs protagonistes pour insuffler du cœur au suspense. L’ambition est évidente : s’aventurer sur le terrain divertissant de l’action et du punch. C’est fait. Et bien fait, qui plus est.
Sortie DVD: 17 août 2011.