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Derrière le calme apparent de ces derniers jours, les acteurs se mettent sur les rangs, prêts pour la bataille de procuration (proxy contest, proxy battle ou proxy fight) : l'OPA hostile devient vraiment hostile.
Hier déjà, Bill Gates a déclaré clairement (même si ça fait partie du jeu...) que l'offre de rachat de Yahoo! par Microsoft était "honnête" (a fair offer), que la société n'avait pas l'intention de jouer à la hausse, qu'elle était prête à investir massivement dans le Web avec ou sans Yahoo!, et que Yang & Co. avaient intérêt à examiner l'offre de près (they should take a hard look at it)...
Or face aux non-réponses de Yahoo!, Microsoft a décidé d'engager une bataille de procuration afin de nommer ses propres "représentants" avant le 13 mars, date butoir pour désigner les nouveaux membres du Conseil d'administration de Yahoo! lors de la prochaine assemblée générale de la société.
Microsoft Corporation and its directors and executive officers and other persons may be deemed to be participants in the solicitation of proxies in respect of the proposed transaction. (...) Other information regarding the participants in a proxy solicitation and a description of their direct and indirect interests, by security holdings or otherwise, will be contained in any proxy statement filed in connection with the proposed transaction.Le but étant bien sûr de "virer" l'actuel Conseil, à commencer par Jerry Yang... Cette option "stratégique" peut s'expliquer autant par les coûts estimés (environ 30 millions de dollars, contre 1 336 444 000 $ pour chaque dollar d'augmentation de l’offre...), que par les dissensions qui semblent diviser l'actuel Conseil, avec deux factions opposées qui sont, selon Kara Swisher :
- farouchement contre, Jerry Yang, Robert Kotick, Eric Hippeau et Arthur Kern ;
- apparemment favorables, Roy Bostock, Ron Burkle, Gary Wilson, et Maggie Wilderotter ;
- indécis, Vyomesh Joshi et Ed Kozel.
En attendant, vu que Yahoo! vient juste de
Les semaines qui suivent vont être chaudes, il faut vraiment que Microsoft ait de bonnes raisons de vouloir Yahoo!
* * *
J'en citerais au moins trois : Search, Ads & Apps...
Il y a trois mois à peine, Kevin Johnson déclarait que d'ici 3 à 5 ans, Microsoft se fixait pour but d'être dans le Top 2 des régies publicitaires sur le Web et d'augmenter ses parts de marché aussi bien en termes de pages vues que de temps passé par internaute sur ses produits/services et dans la recherche.
Grâce au plan "10, 20, 30, 40" :Un optimisme un peu trop ... optimiste, qui me faisait réagir ainsi :
- 10% des pages vues, contre 6% actuellement ;
- 20% du temps passé par l'internaute sur les sites de Microsoft, contre 17% actuellement ;
- 30% des parts de marché dans la recherche, contre moins de 10% actuellement ;
- 40% des parts de marché dans la publicité en ligne, contre 6% actuellement.
Quant aux 30% des parts dans la recherche sur Internet, en l'état actuel des choses, ça paraît franchement hors de portée pour Microsoft. À moins de racheter Yahoo!...Or au vu des résultats d'une récente étude Keynote Customer Experience sur les moteurs de recherche, reprise hier sur le blog de Yahoo! (via Search Engine Land), un simple coup d'œil suffit pour comprendre l'intérêt de Microsoft pour Yahoo! :
Où Microsoft est
Mais ce n'est pas tout. Outre les performances notables de Yahoo!, il est un projet dont je vous ai déjà parlé dans Yahoo! + Hadoop = Yadoop?, qui a été mis en avant ... hier aussi (curieuse coïncidence) sur le réseau de développeurs de Yahoo! (via John Battelle) ; les chiffres sont impressionnants :
Some Webmap size data:
- Number of links between pages in the index: roughly 1 trillion links
- Size of output: over 300 TB, compressed!
- Number of cores used to run a single Map-Reduce job: over 10,000
- Raw disk used in the production cluster: over 5 Petabytes
Donc, côté recherche, on peut comprendre que Microsoft ait l'eau à la bouche.
Côté pub, c'est Jerry Yang qui nous donne la réponse :
Avec un marché mondial de la publicité en ligne évalué à 75 milliards de dollars en 2010 (vs. 45 milliards $ en 2007, dont plus de la moitié aux États-Unis, supérieur à de précédentes prévisions), Yahoo! a toutes les cartes en main pour profiter de cette "fenêtre de croissance" et se positionner comme passage obligé...Quant aux applications en ligne des produits/services de Microsoft, lorsque l'on sait combien sont terriblement compliqués les formats d'Office & Co., l'alliance avec Yahoo!, fortement impliqué dans l'open source, peut prendre tout son sens. Pour Microsoft du moins - déjà particulièrement incohérent en la matière -, puisque tarir la vache à lait sans construire auparavant une alternative serait peu prudent.
Voilà donc trois excellentes raisons, mais il y en a une montagne d'autres.
Ceci dit, même en admettant que Microsoft avale finalement sa proie, le plus dur restera à faire : l'INTÉGRATION...