Ce que l'on peut lire dans l'air de Dinaw Mengestu

Par Sylvie

ETATS-UNIS- RENTREE LITTERAIRE 2011

 

Editions Albin Michel

 

A priori, l'un des prochains gros succès de l'automne 2011 et assurément, l'un des grands livres de cette rentrée littéraire. Le deuxième roman de l'auteur américain d'origine éthiopienne, remarqué en 2007 pour Les belles choses que portent le ciel.

Comme dans son premier opus, on y retrouve une histoire universelle : l'amour, la mort, la nostalgie, le couple, la famille. 

 

Mais ici, le personnage gagne en épaisseur et en Histoire ; son premier roman se contentait de faire le constat du quotidien d'un homme "comme tout le monde", au fin fond de son épicerie. Ici, le personnage voyage dans l'espace et dans le temps dans une magnifique fresque généalogique, à la fois intime et sociale.

Jonas, vivant à New-York, est en pleine crise existentielle. S'apprêtant à se séparer de sa femme, il doit aussi faire face à la mort de son père. Yosef, ce père éthiopien, ayant émigré aux Etats-unis, pour fuir la guerre civile, avant sa naissance. La mère, Mariam, l'a rejoint quelques années plus tard et retrouva un homme brisé.

S'étant toujours confronté à un mur de silence, il va alors partir à la quête de ses origines, quitte à remplir les vides par de la fiction.

Il ne va pas rejoindre l'Ethiopie mais Nashville, là où ses parents ont vécu leur voyage de noces très tardivement, alors que Jonas était déjà dans le ventre de sa mère.

Que s'est-il passé à ce moment ? est-ce que cela aurait pu se passer autrement ?

A travers la fiction, Jonas se reconstruit une identité, celle qu'il n'a jamais eu. Il va dialoguer avec ses parents et tenter de les comprendre.

Ne vous imaginez pas un roman social sur l'immigration, c'est bien plus que cela. C'est d'abord une flamboyante fresque intime ; nous vivons de l'intérieur les doutes et les souffrances de l'enfant devenu adulte.

Mengestu atteint l'universel lorsqu'il nous parle des rapports parents-enfants, de la solitude, du deuil, de l'identité.

Ce qui ressort, c'est l'amour des siens et de l'autre.

Sans fioriture, d'une pudeur et d'une vérité incroyable, l'auteur nous plonge dans ses blessures intimes.

Deuils, séparations, tel est notre chemin. Mais reste la lumière du souvenir....

Poignant et passionnant.